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Vincent Koziello : « Je ne suis pas un ange ! »

France-Football, le 06/02/2016 à 00h17

D'abord, en finir avec les clichés. Oui, il habite encore chez papa-maman, a une tête aussi bien faite que bien pleine et la frêle silhouette de l'ado qu'il n'est plus vraiment. Mais, à vingt ans, Vincent Koziello (prononcez co-zié-lo, « c'est polonais », précise-t-il) est surtout l'une des révélations de l'année 2015, qui vient de s'achever installé dans un milieu niçois miniature qui met à mal autant ses homologues que les a priori. Avec Ben Arfa, Séri et Mendy, Koziello, son 1,68 m et ses « 58 ou 59 kg » détonnent et étonnent dans un monde peuplé communément de géants. Une habitude pour ce bachelier mention très bien beaucoup moins sage qu'il n'en a l'air, qui n'a pas peur de grand monde ni de grand-chose, à part, peut-être, de passer pour un intello ou un crâneur, que ce soit en Ligue 1 ou à la fac d'anglais qu'il continue de fréquenter quand le calendrier le permet.

- Sincèrement. vous y allez souvent à la fac ?

(Il sourit.) Je n'y vais pas énormément, en réalité. J'essaie de suivre du mieux que je peux, mais, franchement, ce n'est pas ma préoccupation première. Je donne tout pour le foot. La fac, si j'y arrive, tant mieux, mais je ne me prends pas Vraiment la tête. C'est plus pour garder un pied dans la vie réelle, parce que le monde du football, ce n'est pas la vie réelle.

- Et c'est quoi, la vie réelle ?

La vie de quasiment tout le monde. Nous, on a un métier fantastique, le plus beau métier du monde, du coup, on est tout le temps ensemble, entre nous. S'ouvrir à d'autres personnes, à d'autres centres d'activité, ça ne peut me faire que du bien, même si on n'est pas non plus enfermé dans une bulle. On a nos copains, on sort.

- Les études, c'était la condition sine qua non pour faire du foot ?

Ma mère m'a souvent dit que j'avais plus de chances de bien gagner ma vie en faisant des études qu'en faisant du foot, où très peu de gens réussissent. C'est surtout elle qui était assez inquiète, même si elle ne l'a jamais vraiment montré. C'est vrai que j'ai toujours eu des facilités à l'école, donc c'était très important que j'ai mon bac assez facilement pour leur montrer que, si jamais ça devait mal tourner dans le foot, je serais en capacité de reprendre mes études. Mais, même si j'avais eu des difficultés, je crois qu'ils s'en seraient voulu de me couper dans mon rêve. Alors, même s'ils ne sont pas du tout dans le milieu du foot, ils m'ont toujours soutenu et accompagné.

- Que font-ils dans la vie ?

Ils sont tous les deux ingénieurs (NDLR: son père a sa propre entreprise). Je n'ai jamais été dans le besoin, le foot n'a pas été pour moi un moyen de m'en sortir financièrement. Je n'ai jamais eu de pression par rapport à ça.

- Cela tranche avec beaucoup de vos collègues qui ont puisé leur rage dans leur soif de s'en sortir...

L'obligation de résultats, je me la suis mise moi-même, parce que j'avais envie de réussir dans le foot, ma passion. Je suis tombé dans la Coupe du monde 98 quand j'étais petit. J'étais très jeune, j'avais deux ans et demi et on m'a raconté que je disais tout le temps : "Moi Zidane, moi Zidane." Après, j'ai commencé le foot à quatre ans, ça m'a tout de suite plu et j'ai voulu devenir footballeur.

- Il y a quelques semaines. dans ces colonnes, Sofiane Boufal avait révélé qu'il avait réussi dans le foot pour permettre à sa mère d'arrêter les ménages. Vous, vous avez dû puiser ailleurs...

(Il coupe.) Cette idée m'a traversé l'esprit, à moi aussi. Mes parents travaillent quand même beaucoup, ils mériteraient un peu de se la couler douce. Je leur suis tellement redevable que je me suis déjà dit que, si
un jour je gagnais beaucoup d'argent, j'aimerais qu'ils arrêtent de travailler. Mais je ne suis pas certain qu'ils accepteraient.

- Vous l'avez souvent dit, vous habitez encore chez eux. Cela doit entrainer quelques moqueries ?

Franchement, ça chambre beaucoup dans le foot, mais pas sur ça. (Il sourit) Peut-être qu'ils n'ont pas eu l'idée, faudrait pas leur donner ! Quand j'explique que je vis encore chez mes parents, les autres me disent que j'ai de la chance. Je pense qu'il y en a beaucoup qui aimeraient avoir leur famille auprès d'eux.

- Ça ne serait pas plutôt parce que vous ne savez pas vous faire à manger ?

Pas du tout, je peux me débrouiller ! (Il rit.) Bon, après, c'est vrai que je fais beaucoup moins bien la cuisine que ma mère.

- N'avez-vous pas peur, parfois, de passer pour un enfant modèle ?

(Malicieux.) Bah, faut dire la vérité, c'est un peu vrai que je suis un enfant modèle. (Grand sourire.) Sérieusement, cela ne me pose pas de problème, et ça n'a pas l'air d'en poser aux autres. Je n'ai jamais eu à changer ma nature.

- Est-ce qu'à force ça ne vous est pas pénible d'entendre parler de votre air juvénile, de votre mention très bien au bac et de papa-maman ?

C'est en train de changer. On me parle de plus en plus de foot, de moins en moins de ma tête un peu jeune et de mes études. Sans doute parce que je suis presque systématiquement titulaire en Ligue 1 et que je fais de bons matches. (Il se reprend.) Des matches corrects.


« Je ne pense pas être un intello pur et dur.
Je ne suis pas OVNI »



- Ce que vous venez de faire à l'instant, c'est quelque chose qui revient dans chacune de vos interviews : vous tempérez souvent vos propos. Pourquoi ?

C'est ma mentalité, mon éducation. J'ai vraiment la tête sur les épaules, je n'ai pas envie de m'enflammer pour ce que j'ai fait, encore moins de passer pour un prétentieux. C'est dans mon caractère. Je suis même un peu timide avec les gens que je ne connais pas trop.

- C'est pour cela que vous n'avez pas osé vous adresser à un camarade de fac qui ne vous avait pas reconnu alors qu'il visionnait le résumé d'un de vos matches à côté de vous ?

(Il rit.) C'était un lundi, on était en cours, et mon voisin regardait les résumés des matches de la veille. Il tombe sur le match de Nice (à Saint-Etienne, le 27 septembre, 1-4), comnence à regarder la vidéo, voit mon but, mais ne réalise pas que c'est moi qui marque ! Ce n'est que plus tard qu'il a percuté et est venu me voir pour me demander si c'était bien moi. Ça m'a fait rire et on est devenus potes.

- Il ne savait pas qu'un de ses camarades jouait à l'0GC Nice ?

Presque personne ne le sait à la fac. Je ne connais pas beaucoup de monde, là-bas, donc, je reste un peu dans mon coin. Être incognito, c'est plaisant. Il n'y a qu'un prof, qui est aussi le coordinateur de l'année, qui sait. J'ai conversé avec lui pour lui signaler que j'ai le statut de sportif de haut niveau, du coup, il me suit et me félicite par mail, c'est d'ailleurs très sympa. Il me facilite beaucoup la vie, ce monsieur. Il me gère pour les partiels, tout comme ce fameux pote, qui me file les cours.

- Il y a quelques années, un attaquant de National. Rodrigue Akpakoun, planquait ses livres d'étudiant aux Mines de peur de passer pour un intello auprès de ses coéquipiers. Et vous ?

Franchement,je ne pense pas être un intello pur et dur. Je ne suis pas un OVNI. Je suis bien avec tout le monde, j'aime rigoler. Avec Nice, quand on a fait les Awards (récompenses loufoques attribuées par toute l'équipe), mes coéquipiers ont essayé de montrer mon vrai visage aux gens extérieurs.

- C'est quoi, votre vrai visage ?

J'aime bien rigoler, chambrer. On me voit comme le mec timide, mais j'ai aussi une autre facette.

- Sur le terrain. notamment. Votre ancien coéquipier Joris Delle dit que vous avez du vice...

J'ai pris pas mal de cartons cette saison, chaque fois pour des fautes qui cassent les contre-attaques adverses. Ce que j'appelle des fautes de... enfin, je ne dirai pas comment j'appelle ça ! Des fautes tactiques, on va dire. Un peu de vice, c'est utile à mon poste. Sur le terrain, je ne pense pas être un ange. (Il réfléchit.) Je ne suis pas un ange, non. Quand il faut aller au combat, je ne recule pas.

- Pourtant, vous avez dit un jour que vous évitiez au maximum le contact ?

J'essaie de me placer dans des endroits libres pour ne pas être tout de suite en contact avec l'adversaire quand je reçois le ballon. Mais aller au duel pour le récupérer ne me pose pas de problème. En fait, j'essaie au maximum d'éviter le duel, de jouer avant, mais s'il faut y aller, j'y vais.

- Vous savez ce que disait Andri Gido : "L'intelligence, c'est la faculté d'adaptation"...

(Il ne relève pas.) Voir avant, prendre des informations, anticiper, quand le jeu se passe à droite regarder ce qui se passe à gauche... Quand je suis arrivé à Nice, je n'ai beaucoup entendu, ça : "Prends les infos, prends les infos." Au début,je me suis forcé, et puis c'est devenu naturel. De toute façon, on ne peut pas jouer [à haut niveau] si on ne sait pas ce qui se passe autour.

- Surtout quand on n'est pas une armoire à glace...

C'est obligatoire pour moi, c'est vrai, mais c'est aussi plus efficace que des costauds qui ne jouent que sur leur physique. Mon gabarit ne m'a jamais posé de problème. il m'a simplement poussé à faire autre chose pour essayer de prendre le ballon à des gars comme ça. (Il rigole en désignant son ami et partenaire Alexandre Mendy, qui attend dehors pour aller déjeuner.) Des costauds, il en faut, bien sûr, mais des joueurs avec la capacité de voir avant, c'est aussi très important. Parce que, finalement, tout cela reste un jeu. Comprendre avant l'autre, prendre du plaisir balle au pied, redoubler les passes, c'est là où je prends du plaisir.

- Le foot reste un jeu... même en L1 ?

Mon père en rigole souvent. Il me dit: "Le type, il va passer sa vie à jouer." C'est aussi pour cela que c'est important qu'il ne soit pas du milieu. Pour qu'il puisse me rappeler la réalité de plein de gens qui doivent se lever le matin, sans forcément aimer leur travail, mais qui y vont quand même pour gagner de l'argent. Moi, je me lève avec le sourire, je vais faire ce qui me plaît, c'est pour cela que le foot reste jeu.

- Il l'était aussi quand vous n'étiez pas titulaire à Cannes, il y a trois, quatre ans ?

C'est vrai qu'il y a eu une période où je n'étais titulaire qu'une fois sur deux, là-bas. En U19, on était dans l'obligation de se maintenir, et après avoir beaucoup joué en début de saison, j'ai eu un petit creux physique.

- Vous n'avez pas douté à cette époque ?

(Décidé.) Non, j'étais déjà en contact avec Nice. Ici, le projet de jeu me correspondait mieux. D'ailleurs, un jour face à Nice, mon père m'avait dit: "Tu t'es trompé d'équipe, eux, ils jouent." Je suis très content d'être ici parce qu'on travaille tous pareil, des U17 jusqu'en pros, ça repart de derrière, à base de passes courtes. Toucher beaucoup de ballons, ça fait progresser, et moi, c'est le jeu que j'aime, celui qui me convient. À Cannes, même si c'est là où j'ai appris la niaque, ça me correspondait moins. D'ailleurs, à mon arrivée à Nice, en U19, je suis immédiatement devenu titulaire. Ça m'a convenu tout de suite. Enfin, tout de suite, c'est vite dit...

- Pourquoi ?

C'est une image qui résume le travail de l'OGCN auprès des jeunes. Pour mon premier match avec les U19 de Nice, au bout d'une demi-heure, on perd 3-0, et c'est moi qui ai perdu le ballon sur le deuxième et le troisième but. Ailleurs, on m'aurait sorti à la mi-temps avant de me mettre à la cave durant plusieurs semaines. Au contraire, à la mi-temps, le coach, Thierry Malaspina, m'a dit de continuer à jouer comme je savais le faire, qu'on était là pour faire de la formation et pas pour gagner des matches. C'est aussi pour cela qu'autant de jeunes sont sortis depuis trois ans du centre pour intégrer l'équipe première. Dans quel autre club en France on voit ça ?


« En France, il faut être un peu meilleur
que les autres quand on a mon gabarit »



- Aucun. C'est bien pour ça que Nice vient d'être récompensé du titre de la meilleure "politique de jeune de l'année" par France-Football. Est-ce que cela signifie qu'ailleurs cela vous aurait été plus difficile d'émerger, puis de vous imposer en L1 ?
Les deux. D'abord, parce que, avec Cannes, j'ai rencontré pas mal d'équipes pros. et aucune ne me correspondait à part Nice. Et puis, aujourd'hui, je joue parce que je suis dans le bon club. On ne voit ça nulle part ailleurs, un coach qui a, je ne sais pas si je peux le dire, les couilles, le courage, l'audace de mettre autant de jeunes, de croire en nous. C'est dans le projet du club, mais le faire comme le coach le fait, et autant... jamais Nice n'aurait pu trouver quelqu'un de mieux que le coach Puel.

- Et jouer pour un autre coach, ailleurs ?

Je n'ai pas une haute opinion de moi-même, mais je sais ce que je vaux. Je sais qu'avec du travail je peux jouer dans d'autres clubs, mais faire évoluer les mentalités reste très difficile, même si ça commence un peu à changer. En France. il faut être un peu meilleur que les autres quand on a mon gabarit.

- On en revient à la case départ, quand vous étiez jeune et que vous n'étiez pas le plus courtisé à cause de votre physique...

Quand j'étais petit, j'étais quand même un bon joueur, j'ai eu pas mal de récompenses individuelles dans des tournois de jeunes. Mais je n'étais pas non plus un excellent joueur, j'étais dans la moyenne haute. Je n'étais pas capable de fulgurances comme d'autres où ça saute aux yeux. Comme Hatem, par exemple.

- Justement, Hatem Ben Arfa, il vous conseille ? Vous parle-t-il de son expérience. des pièges à éviter dam une carrière ?

C'est un bon coéquipier, un bon pote, mais on ne parle pas de cela. D'ailleurs, je ne vois pas trop où est le problème avec lui, c'est quelqu'un de bien.

- Il aurait pu vous mettre en garde contre la notoriété, les nouveaux amis qui affluent avec la réussite...

J'arrive à peu près à savoir ce que veulent les gens. Je sais où sont mes vrais potes. Pour l'instant, je passe incognito, et ça me convient parfaitement

- Y compris avec les filles ? Ça n'aide pas d'être un joueur de L1 ?

(Il sourit.) J'ai une copine qui était là avant mon ascension. Elle me convient parfaitement. Ça aussi, ça m'aide rester équilibré.

Arnaud Tulipier
France-Football







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Pts J V N D Diff
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 4.    Lille 49 28 13 10 5 +17
 5.    Nice 47 29 13 8 8 +9
 6.    Lens 43 29 12 7 10 +6
 7.    Lyon 41 29 12 5 12 -7



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