Nice l'a bien cherché

Le leader azuréen, malgré quelques secousses, développe depuis 2012 un projet qui en fait aujourd'hui un club qui compte.

Le très bon début de saison niçois n'est pas seulement la suite du bel exercice 2015-2016, terminé au pied du podium. Si le club azuréen lutte désormais aux premiers rangs du Championnat, c'est en grande partie grâce au travail de fond entamé en 2012.

LES ENTRAÎNEURS
LA GAMME AU-DESSUS
En 2012, en attirant Claude Puel, le Gym s'offre un bâtisseur, en même temps que la clé de voûte de son projet. «Quand on va le chercher, il sort de Lyon, rappelle Julien Fournier, le directeur général arrivé en 2011 avec le président Jean-Pierre Rivère. Tout le monde se demande ce qu'il vient faire ici. On est encore au Ray, on se bat depuis dix ans pour ne pas descendre et on va chercher un coach non calibré pour Nice. Cela a été la même chose avec Lucien Favre. Quand on a choisi de se séparer de Claude, en mai, il y avait une part de risque, car on venait de finir quatrièmes. Mais on avait la conviction d'engager un technicien, lui aussi, bien au-dessus du club.» Entre l'entraîneur suisse et son prédécesseur, le lien ne se limite pas à l'épaisseur du CV ou à l'étendue de la renommée, il englobe la façon de jouer, que les dirigeants souhaitent joyeuse.

LE JEU
UN NOUVEL ADN
Dès 2012, l'ère Puel s'ouvre ainsi sur une saison enthousiasmante : portés par un magnifique élan offensif, les Azuréens atterrissent à la quatrième place au printemps 2013. «C'était un exploit, juge l'ancien Niçois Éric Bauthéac. On avait un jeu vraiment léché, un peu comme celui de la saison passée. Mais, lors des deux années suivantes, on est rentrés dans le rang (17es et 11es).» La flamme du beau jeu a rejailli avec vigueur lors de l'exercice passé. Avec Ben Arfa ou bien son trio Mendy-Seri-Koziello, petits formats pour passes courtes, le Gym a souvent régalé. «On a presque changé l'ADN du club, se réjouit Fournier. Quand on est arrivés, c'était des valeurs de combat. Peu à peu, on a évolué vers une ambition de jeu avant tout.»

LE RECRUTEMENT
DE DARIO À MARIO
Pour partir à la pêche aux recrues, ces derniers mois, les Niçois n'ont pas hésité à plonger leur épuisette dans un banc de gros poissons. Ils ont fini par attraper Balotelli, Belhanda et Dante, après avoir notamment tenté de ferrer Depay, l'ailier international néerlandais de MU. «Mais, si on a ramené des éléments expérimentés cet été, on leur a adjoint de jeunes joueurs au bagage technique important, souligne Fournier. En fait, c'est le même schéma qu'en 2012 : quand on a pris Cvitanich, c'était un gros joueur pour nous. Dario, c'est notre Mario actuel. Et Wylan Cyprien, le Valentin Eysseric de 2012, qui n'avait pas encore évolué en L 1 (il venait de Monaco, alors en L 2). Il existe un fil conducteur.»

LES JEUNES
IMPORTATION ET PRODUITS LOCAUX
Une autre constante s'attache au projet azuréen : la volonté de faire du neuf avec des jeunes. «Avec le président (Jean-Pierre Rivère), on a noté au bout d'un an que la seule ambition du club au sens large et de son environnement était surtout de ne pas descendre, raconte Fournier. On ne pouvait pas continuer ainsi, et on a pris le contrepied avec le développement de jeunes joueurs par le biais de notre académie ou du recrutement extérieur.» Depuis 2012, l'équipe niçoise détient ainsi la plus faible moyenne d'âge des cinq grands Championnats européens, avec vingt-quatre ans et six mois. «Claude n'hésitait pas à faire monter les jeunes à l'entraînement puis à les lancer, ajoute Bauthéac. Certains se sont révélés, comme JordanAmavi.» Lucien Favre a pris le relais : Malang Sarr (17 ans) en est le témoin.

LES STRUCTURES
LE CENTRE APRES LE STADE
En juin 2017, le défenseur central du Gym découvrira le futur centre d'entraînement, qui pousse comme la jeunesse niçoise. «Depuis mon arrivée, le club a grandi, juge Alassane Plea. On possède un très joli stade et on attend le nouveau centre, qui va nous faire passer dans une autre dimension.» L'intronisation, juste avant l'été, des nouveaux actionnaires sino-américains, propriétaires de 80 % des parts, laisse songer que c'est déjà le cas. «Ça nous donne plus de visibilité et de solidité, mais, si cette année on a réalisé des investissements, c'est en raison des énormes plus-values faites sur les ventes de joueurs, tempère le directeur général du Gym. Sila structure capitalistique nous sécurise un peu plus, il ne faut pas croire qu'on est les nouveaux riches de la L1.» Ils ont bien plus de crédit, à tout le moins.

Vincent Villa
L'Equipe