La tactique du hérisson

La tactique, c'est le dada de Gernot Rohr, rusé entraîneur de l'OGC Nice. Il aime à varier les genres et les schémas, prenant un malin plaisir à faire déjouer l'adversaire, procédant en général par des contres très rapides, se laissant dicter le rythme de la rencontre pour mieux surgir en trombe et planter des banderilles, soit par Lilian Laslandes, soit par l'inspiré Abdelmalek Cherrad, très en pointe.

Rohr a de la réserve et a beaucoup de solutions à offrir. On note aussi que Serge Die, placé devant la défense, s'avère la plaque tournante de la formation, distillant ses ballons un peu partout, les recevant de Noé Pamarot pour servir de préférence à gauche Cédric Varrault ou à droite Romain Pitau, les deux misant ensuite sur le puissant Brésilien Everson. Sinon, Damien Grégorini, le gardien de but, peut directement trouver par la puissance de ses dégagements Laslandes, Varrault ou Yoann Bigné à droite, le long de la ligne.

Physiquement au point, les hommes de Rohr permutent beaucoup et se soutiennent sans déplaisir. Cela donne une formation soudée, très délicate à manœuvrer. Marseille, au Vélodrome, a dû ainsi attendre les arrêts de jeu pour vaincre Nice, grâce à un penalty de Didier Drogba. On sent aussi que fonctionnent à plein les affinités héritées de l'excellent parcours de la saison dernière, qui leur a valu une qualification en Intertoto alors qu'ils étaient virtuellement relégués en National en début d'exercice.

Evidemment, Nice ne dispose pas du jeu le plus alléchant de la L1 et procède surtout en contre, mais Rohr fonctionne avec des hommes qu'il a formés à son image, volontaires, soudés, combatifs et réalistes. Les Aiglons utilisent beaucoup l'axe et combinent à foison, appréciant notamment le jeu en triangle à une touche. C'est le mouvement perpétuel sur la Promenade des Anglais. Ça construit et déconstruit, ça joue vite et ne manque pas de rythme dans la contre-attaque : deux passes en moyenne pour décrocher une frappe. Et puis, devant, Rohr s'appuie sur une paire très complémentaire, Cherrad et Laslandes s'échangent une douzaine de ballons par match.

L'esprit collectif règne sur l'OGCN ; il est sain qu'il soit récompensé.

Arnaud RAMSAY
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