Lent à la détente

Samedi contre Nice, le Racing a encore attendu d'être placé dos au mur pour réagir. Le dénouement, heureux, ne masque pas les carences d'une équipe qui doute. Ça commence à fleurer le gros gâchis.

« A un moment, juste avant la mi-temps, j'ai porté mon regard sur notre kop. A entendre chanter tous ces gens qui croient en nous, je me suis posé la question de savoir ce qu'on leur donnait en retour. Pour moi, ça a été le déclic. »
Pontus Farnerud est un garçon lucide. Au lendemain du nul chanceux arraché aux dépens de Nice, le Scandinave ne s'égare pas sur les sentiers des excuses bidons et des faux-fuyant.
C'est que le Racing a un sérieux problème, devenu au fil des semaines et des déboires, quasi-insoluble. Cette propension à monter sur le terrain à reculons, à laisser l'initiative du jeu à l'adversaire, avec des guibolles tremblotantes et des idées forcément courtes, relève presque de la pathologie.

« Réagir, mais pas agir »

Passe encore que de belles mécaniques comme Auxerre, Sochaux ou Nantes puissent désarçonner une défense en panne de confiance. Voir Nice, à l'attaque décimée et au talent limité, se balader de la sorte et planter deux coups de poignard en quatre petites minutes est autrement plus inquiétant.
« Ça commence à faire beaucoup, dit Christian Bassila. J'éprouve le même sentiment que lors des derniers matches. On commence à jouer seulement après quarante-cinq minutes qui s'avèrent à chaque fois catastrophiques. On se pose beaucoup de questions, il faut se remettre en cause individuellement. On est seulement capable de réagir, pas d'agir. »

Mauvais élève

Ce Racing à réaction est pourtant loin de franchir le mur du son. Les chiffres, implacables, suffisent à le rappeler. Depuis le début du cycle retour, la troupe de Kombouaré n'a engrangé que six points sur 24 possibles. En huit matches, seuls Montpellier (1 point) et le Mans (5), soit les deux derniers au classement, ont rendu une copie plus insipide.
« Avec autant de déchets techniques, ce n'est pas étonnant que l'on soit en difficulté, synthétise Antoine Kombouaré. Les joueurs sont fébriles, on se met en danger tout seul. Je change de discours à chaque match, mais les gars retombent toujours dans les mêmes travers. Si j'avais une solution miracle, je la livrerais à mes joueurs. Non, il faut qu'on la trouve ensemble. »

L'ennui guette

Si les solutions ne sont pas légion, certains constats s'imposent. Le départ de Ljuboja, par exemple, semble avoir laissé Niang orphelin. Le Sénégalais, trop souvent livré à lui-même, ne ménage certes pas ses efforts mais la réussite le fuit. De quoi s'interroger sur la complémentarité avec l'énigmatique Chapuis, qui tarde à tomber la chemise d'éternel espoir.
Fébrile à l'arrière, inefficace devant, le Racing ne mérite certainement pas mieux que cette treizième place à laquelle il semble abonné. Et comme il se repose toujours sur un confortable matelas de huit points d'avance sur le premier relégable, Guingamp, on peut craindre que la lassitude et l'ennui soient les seuls sentiments qui émaillent cette fin de saison.
Heureusement, quelques flammèches d'espoirs crépitent encore. Quand le Racing se met à jouer - samedi soir dans la dernière demi-heure - l'adversaire est en souffrance. Les coups de boutoir d'un Le Pen décidément indispensable et d'un Alex Farnerud percutant redonnent du baume au coeur.

« Sursaut d'orgueil »

« Il faut commencer les matches en ayant les boules, explique prosaïquement Ulrich Le Pen. C'est la seule solution que je vois. Ce qui me rassure, c'est le gros sursaut d'orgueil dont on a su faire preuve en seconde mi-temps. »
L'auteur du doublé salvateur est rejoint sur ce terrain par Pontus Farnerud, qui parle lui d'une équipe « qui a du caractère. Encore faut-il l'exprimer dès la première minute. » Telle sera, en effet, la gageure proposée pas plus tard que dimanche prochain, à Marseille.

Sébastien Keller
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