Gernot Rohr : "Nice souffre de sa réputation"

- Comment jugez-vous votre début de saison ?
Nous totalisons 18 points en quinze matches. Au regard de notre départ manqué, c’est convenable. Mais nous sommes toujours à la recherche d’un parcours plus régulier. Vous avez le même nombre de points que le Paris-SG. Si on nous avait dit qu’après quinze matches nous serions à la hauteur du PSG... Sauf qu’on imaginait plutôt les Parisiens dans les quatre ou cinq premiers au classement. Même s’ils restent sur deux matches sans victoire en L 1 (défaite à Bordeaux, 0-3, nul contre Lyon, 0-0), je pense qu’ils vont être solides face à nous. Nous, nous sommes parfois efficaces défensivement puis offensivement. Il faut trouver le bon équilibre. Nous n’avons jamais aussi bien joué au football. I I faut persévérer. Cela va finir par payer. Nous sommes en train de franchir un cap dans l’évolution du club.

- Comme Vahid Halilhodzic contre Lyon (0-O), vous avez été expulsé le week-end dernier à Caen (0-O). Que s’est-il passé ?
J’ai simplement réclamé à l’arbitre (M. Chapron) une faute. Puis, je suis sorti de ma zone technique pour calmer Balmont, qui venait de prendre un coup de coude. La majorité des arbitres aurait dit "Calmez-vous ou je vous sors la prochaine fois." Même le quatrième arbitre n’a pas compris que je me retrouve en tribunes. C’est une question d’intelligence et de correction. Certains arbitres ne sont pas bons. Se faire dire par un amateur que je dois aller dans les tribunes, cela m’emm... J’ai été victime d’une interprétation mesquine. Cela devient débile, d’autant qu’il n’y avait aucune tension.

- D’ailleurs, la commission de discipline de la Ligue vous a seulement demandé des explications...
Effectivement. À la lecture du rapport, j’ai enfin compris pourquoi l’arbitre m’avait expulsé. Il y mentionne que j’étais sorti de ma zone technique, ce que je ne conteste pas, mais me prête également des propos ("Tu vas enfin sortir tes cartons, toi ?") que je n’ai pas tenus. C’était mon préparateur physique qui parlait et sa voix porte plus que la mienne.

Pensez-vous que votre équipe souffre d’une mauvaise réputation auprès des arbitres ?

Je ne sais pas mais je note que, sur nos trois derniers déplacements (Strasbourg, 1-3, Saint-Étienne, 1-2, Caen), nous avons eu trois penalties sifflés contre nous. Je crois que c’est unique. Chacun a le droit de défendre son équipe et son club. Quelque part, Nice souffre toujours de sa réputation sulfureuse, qui n’est pas justifiée. Sur ce que je vois depuis trois ans, je peux garantir que nous ne sommes pas plus mauvais que les autres.

- Estimez-vous globalement que certains arbitres abusent de leur pourvoir ?
Abus de pouvoir ? Le terme est sans doute excessif. Je crois en tous les cas que la solution serait de confier le sifflet à d’anciens joueurs, des gens qui savent ce que c’est que d’être footballeur professionnel, qui sont motivés et ne viennent pas pour goûter à une vie qu’ils ont toujours rêvée. Il m’arrive de donner le sifflet à l’entraînement à l’un de mes joueurs, souvent le plus contestataire. Ils se rendent compte que ce n’est pas si facile, mais certains s’en sortent très bien. Pourquoi ne pas proposer aux joueurs dans leur dernière année de contrat de suivre une formation pour leur reconversion ? Les salaires sont tout de même attractifs (un arbitre qui officie en Ligue 1 touche 2 286 euros par match). Et je pense qu’il y aurait moins de polémique dans le jeu.