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Interviews :

Rohr à coeur ouvert

Sud-Ouest, le 09/12/2002 à 17h23

A une semaine du choc Bordeaux-Nice, l'entraîneur-manager des leaders de Ligue 1 dévoile un pan de sa vie de voyageur, partagée entre l'enracinement girondin et l'aventure niçois

Pour coincer l'entraîneur-manager de l'OGC Nice, autant choisir un aéroport. Ce sera celui de Bordeaux-Mérignac, qu'il fréquente assidûment pour d'incessantes navettes entre son domicile du Cap Ferret, sur le bassin d'Arcachon, et Nice où il veille à la destinée de son groupe leader du championnat de France. Entretien devant un café serré, à l'italienne, comme on le déguste sur la promenade des Anglais.


- Tout le monde a loué l'état d'esprit de votre groupe sur la première partie de la saison. Le plus difficile ne va-t-il pas être de le faire perdurer ?

Gernot Rohr. Oui, c'est sûr. Par définition, un état d'esprit exceptionnel ne peut pas durer éternellement. Nous savons que notre équipe terminera sa vie commune en juin 2003. Il faudra ensuite reconstruire. Mais comme nous en sommes tous conscients, ça rend l'histoire plus intense et plus belle. C'est comme une histoire d'amour dont on sait qu'elle s'arrêtera bientôt mais qu'on veut vivre jusqu'au bout ! Nous disposons de sept joueurs prêtés. J'espère pouvoir en garder un ou deux. Les cinq autres vont partir, d'autant qu'ils ont fait leurs preuves. Ce qui prévaut n'est pas la crainte de ce qui va se passer ultérieurement mais l'envie de vivre la période présente.

- Vos joueurs sont les smicards de la Ligue 1. Est-ce que certains d'entre eux ne peuvent pas avoir l'ambition de changer d'air dès le mercato ?

Au mercato d'hiver, non. Qui sont les joueurs en question ? Everson, qui a explosé alors que personne ne le connaissait et qui gagne 12 000 euros par mois. Ce serait tentant pour les grands clubs de nous le prendre. Mais il ne partira pas. Il va finir à Nice comme il a commencé.

- Y a-t-il une forme de contrat moral entre vous sur ce sujet ?

Exactement. Et il est plus fort que le contrat écrit. Tout le monde le tiendra. Personne ne s'en ira avant l'heure.

- Au terme de cette saison, est-ce que vous ne pourriez pas être tenté vous aussi de partir de Nice ?

Ce qui est valable pour les joueurs est valable pour le staff. Mais ces bonnes performances peuvent être éphémères. La cote d'un entraîneur, ça varie. On fera le bilan en fin de saison. Si j'avais des opportunités intéressantes, je réfléchirais. Mais, au jour où je parle, je n'envisage pas de quitter ce club.

- Vous habitez en Gironde. Seriez-vous tenté par une place d'entraîneur au Haillan ?

Si je disais cela, je manquerais de respect à mon ami Elie Baup et aux éducateurs en place. Bien sûr que, pour moi et ma famille, ce serait le plus simple. Mais il y a quelqu'un sous contrat à Bordeaux, je suis moi-même sous contrat à Nice et je ne postulerai jamais pour une place occupée par quelqu'un d'autre. Comme j'ai trouvé très malvenu qu'un entraîneur débarque à Rennes et parle en mal de celui qui l'y avait précédé (1). Il y a quelques règles déontologiques qui me tiennent à coeur.

- La revanche des déshérités niçois, n'est-ce pas aussi la vôtre, entraîneur rejeté par Bordeaux puis par Créteil ?

On peut le dire. Mais beaucoup de collègues entraîneurs sont dans ma situation et n'ont pas la chance, comme moi, de revenir au grand jour. Après avoir été remercié de Créteil, je me suis ressourcé au Cap-Ferret où j'ai un petit hôtel. Tout ceci m'a donné un certain détachement par rapport aux choses du football. En janvier 2001 est arrivée la proposition de Nice pour un poste de coordinateur sportif. Mes expériences antérieures m'ont alors servi dans mon rôle de recruteur désargenté. J'avais vu à Créteil qu'il y avait des trésors de qualité en Ligue 2. J'y ai eu Romain Pitau, qui est un de nos meilleurs joueurs, ainsi que Sammy Traoré. Je les ai fait venir à Nice gratuitement. A Francfort, où j'ai fait un tour après avoir quitté Bordeaux, j'avais repris contact avec Everson, qui jouait alors en Allemagne. Il est vrai que j'avais envie de prendre ma petite revanche contre la mauvaise fortune, pas vraiment contre des gens ou des clubs.

- En octobre, vous êtes revenu au Haillan pour un match amical Bordeaux-Nice. L'avez-vous perçu comme une ironie du sort ?

Surtout comme un petit pincement au coeur. Revenir là, avec tout ce que j'y ai vécu... J'ai passé vingt ans aux Girondins. J'y ai des souvenirs merveilleux. Bordeaux-Milan en Coupe de l'UEFA 1996, c'est LE match (2). Mais, en tant qu'entraîneur, l'année la plus importante pour moi reste 1991-1992, en Division 2. Il ne fallait pas la manquer celle-là. On avait l'obligation de finir premier pour remonter. J'ai aussi de très bons souvenirs de joueur grâce à Aimé Jacquet et à Claude Bez dans cette équipe des années 80. Si jamais on gagne à Bordeaux le 15 décembre, je dédierai la victoire à Claude Bez. Le premier titre était magnifique en 1984. Puis la Juve en 1985, exceptionnel, un peu comme Milan sans son dénouement heureux (3). Maintenant, quand je vois ces installations, le centre de formation, la qualité de l'organisation administrative, je dois dire que le club a franchi un palier en quelques années.

- Si vous restez à Nice et que le club s'enracine dans l'élite, vous sera-t-il encore possible de partager votre vie entre la Côte d'Azur et le bassin d'Arcachon ?

Je me pose la question. Ca va être difficile de continuer comme cela. Il y a beaucoup de travail à Nice, non seulement autour de l'équipe professionnelle, mais aussi pour restructurer le club. Ca commence avec le centre d'entraînement, ça suit avec le recrutement puisque je suis aussi manager sportif. Je travaille beaucoup par téléphone mais je ne manque jamais une séance d'entraînement et je suis toujours à l'heure grâce aux vols directs Nice-Bordeaux. En raison d'une grève, j'ai dû une fois reprendre ma voiture à Bordeaux pour rouler jusqu'à Nice. Je suis arrivé à temps pour l'entraînement, l'après-midi à 15 h 30. Mais il faudra bien que je tranche à un moment donné. Je suis à l'hôtel là-bas, au coeur de la ville. Il y a de la vie; je me sens bien dans cette ville de Nice. Mais mon chez moi, c'est ici, en Gironde.

(1) Référence aux propos de Vahid Halilhodzic quand il a remplacé Philippe Bergeroo à Rennes en octobre dernier.
(2) Bordeaux - Milan AC (3-0) en quart de finale retour de la Coupe de l'UEFA. Match aller : Milan-Bordeaux 2-0.
(3) Bordeaux - Juventus Turin (2-0) en demi-finale retour de la Coupe des clubs champions. Match aller : Juventus-Bordeaux 3-0.


Recueilli par Jean-Denis Renard
© Sud-Ouest






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Nice - Lorient : 3-0

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Pts J V N D Diff
 3.    Brest 53 30 15 8 7 +15
 4.    Lille 52 29 14 10 5 +18
 5.    Nice 47 29 13 8 8 +9
 6.    Lens 46 30 13 7 10 +7
 7.    Rennes 42 30 11 9 10 +8



   26e  sam. 16/03 (21h) Lens - Nice : 1 - 3
   27e  dim. 31/03 (15h) Nice - Nantes : 1 - 2
   28e  dim. 07/04 (15h) Reims - Nice : 0 - 0
   30e  ven. 19/04 (21h) Nice - Lorient : 3 - 0
   29e  mer. 24/04 (21h) Marseille - Nice
   31e  dim. 28/04 (15h) Strasbourg - Nice
   33e  ven. 10/05 (21h) Nice - Le Havre


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