Le Racing se réveille et plume les Aiglons sur le fil

On n’a sûrement pas vu le meilleur Lens hier à Nice, mais le dauphin de Lyon a pris trois points (1-2) et ce matin il se moque bien du qu’en dira-t-on. Avec raison. Il ne s’était plus imposé au Ray depuis la saison 1996-1997. C’est donc déjà exploit et clin d’oeil que de l’avoir fait. Dans un match bizarre, où Nice trembla sur place quand Lens parut longtemps hésitant, la lueur vint du précieux Dindane…

« Eh les gars, les vacances c’est seulement après le match ! » : on n’était pas dans le vestiaire hier au Ray, mais on imagine que Francis Gillot a dû remettre les choses en place à la pause. Apathiques, sans esprit de révolte et mal inspirés devant, ses joueurs livrèrent une première période indigne de leur classement et surtout de leur potentiel.

En face, Nice n’était même pas convaincant. L’équipe d’Antonetti profita simplement d’un spasme que personne ne vit venir pour prendre l’avantage par Koné, sur sa deuxième occasion, dans un match assez déprimant (1-0, 26e).

Changements radicaux

Pour être juste, on soulignera tout de même que Lens, d’un simple hochement de tête, avait failli réussir une saillie flatteuse, mais l’arbitre considéra que le plaquage d’Apam sur Dindane à cinq mètres du but était réglementaire (37e). Au rugby, OK, mais au foot ? Une autre poussée sur Keita, qui allait mettre sa tête, fut sujette à caution (43e). « Jouez », jugea l’arbitre. Mauvaise soirée, pensait-on à ce moment-là.
Comme on pouvait s’y attendre, l’entraîneur artésien changea tout pour la seconde période, en appelant deux vrais joueurs de couloir, Jemaa et Boukari, au relais de Carrière et Cousin. Il y avait là la volonté d’élargir un jeu lensois étriqué mais aussi l’envie d’apporter un peu de punch.
Lens percuta en effet bien mieux, mais son guerrier serbe Nenad Kovacevic paya son trop plein de générosité (expulsion 62e). À dix contre onze, on crut l’affaire glissant dangereusement. C’est tout le contraire qui se produisit. Le Racing trouva enfin l’orgueil qui lui avait manqué et il se fit violence. Dindane, ce poison de bel augure, alla chercher un penalty sur le tendre Apam. Jussiê remit son équipe à niveau (1-1, 74e).
Et c’est toujours Dindane qui fit la différence en exploitant à merveille un centre piégeux de Boukari (1-2, 78e).
Incroyable ! En cinq minutes, le Lens arrêté de la première période venait de se placer en position de vaincre. Il n’était plus question pour lui de lâcher quoi que ce soit. Les Niçois tentèrent bien de plonger pour obtenir un penalty compensatoire, Moussilou reprit de près (82e) et Vahirua donna une sueur froide à Itandje après un faux rebond (90e). En vain. Les Lensois levèrent les bras, heureux de cette conquête qui donnera une tout autre saveur à la dinde de Noël.

Richard GOTTE
La Voix du Nord