Die, prisonnier de l'Italie

Serge Die, vingt-cinq ans, international ivoirien depuis plusieurs années, vit un « calvaire ». Il emploie ce mot, le ton désabusé. Il n'en peut plus. Quand ce milieu de terrain raconte son histoire, la souffrance guide ses paroles. « Monsieur, je subis une injustice honteuse. Pourquoi m'inflige-t-on tout ça ? »

Alors qu'il jouait à l'Africa Sports d'Abidjan, il rejoint l'Italie en 1997. Il a dix-neuf ans. Il restera quatre saisons à la Reggina. Dont deux en Série A. « Je n'oublierai jamais mon premier match dans le Calcio. Un rêve ! Vous savez, s'imposer dans ce terrible Championnat, pour un Ivoirien, c'est dur ! » En 2001, Serge signe à Avellino, un club de Série C. « Je voulais me relancer après avoir pas mal galère à la Reggina. Et, là, tout s'est bien passé. Je suis devenu l'un des éléments clés de l'équipe. Cette saison, on a super bien démarré. On était en tête. Les dirigeants ont alors essayé de me faire signer une prolongation de contrat, qui arrive à terme en juin 2003. Mais j'ai refusé. Parce que je voulais rejoindre la France pour tenter une nouvelle aventure. »

Les ennuis vont alors commencer. « Avellino a tout fait pour que je prolonge. En usant de moyens honteux. Je n'ai plus été payé depuis octobre. Début janvier, je me suis fait tabasser par des supporters en furie. J'ai eu à subir des insultes racistes. On a fait exploser une bombe agricole à côté de ma maison. Ils m'ont tout fait ! Tout ! Le club avait en fait un deal avec Parme. Un transfert était prévu pour plus tard. Avellino aurait touché un maximum d'argent... »

Die décide alors de quitter « cette folie » pour rallier Nice. « En octobre, on a fait un match contre la Côte d'Ivoire, explique Gernot Rohr, le coach des Aiglons, et on a repéré ce super joueur. On est allés le revoir en Italie. Où il a confirmé le bien que l'on pensait de lui. On l'a donc accueilli chez nous et on lui a fait signer un contrat de trois ans et demi, en janvier.

Malheureusement, Avellino se comporte vraiment mal en prenant Serge en otage. » Maurice Cohen, le président de l'OGCN, prend le relais : « On a rencontré plusieurs fois les dirigeants d'Avellino. On n'a jamais trouvé d'accord. Ils nous ont demandé une somme d'argent hallucinante. On attend la lettre de sortie de la Fédération italienne. Mais on l'emprisonne. La FIFA ne remplit pas son rôle. Elle ne fait pas respecter la loi. Le joueur n'est pas payé depuis octobre, donc il devrait être libre. On l'empêche d'exercer son métier. » Die a trouvé une deuxième famille à Nice. « Ici, ils sont adorables. Mon agent, Franck Belhassen, est aussi formidable. Je veux seulement jouer. Pour rendre au centuple ce qu'ils m'ont offert. »

Cohen conclut : « Serge sera la révélation du Championnat l'an prochain. »