Claude Puel, sous-coté à tort

Sur les bancs de Ligue 1 depuis 1999, Claude Puel est l'une des figures de la profession. Pourtant, son talent ne semble pas reconnu à sa juste valeur. Passage en revue de ses mérites, souvent passés sous silence.

Il n'a manqué que deux saisons depuis 1999
La qualité première d’un entraîneur n’est-elle pas sa longévité ? Si tel est le cas, Claude Puel est tout en haut. Parmi les entraîneurs actuels de Ligue 1, c’est lui qui a le plus grand nombre de matches de Championnat dirigés. Depuis le 13 janvier 1999, date à laquelle il s’est assis sur le banc de l’AS Monaco, Claude Puel a œuvré à 574 reprises en L1. Ce qui le place en huitième position des techniciens ayant dirigé le plus de matches de Championnat de France (le premier est Guy Roux avec 894). Actuellement, seulement deux entraîneurs en poste se rapprochent de lui : Frédéric Antonetti (529) et Rolland Courbis (527). Surtout, Puel n’a manqué que deux saisons depuis 1999 : 2001-2002, entre ses expériences à Monaco et à Lille, et 2011-2012, entre ses contrats à Lyon et à Nice. Une performance remarquable au vu du nombre d’entraîneurs sur le marché.

Il a réussi partout où il est passé
Appelé à la tête de Monaco en janvier 1999 à la place de Jean Tigana, Claude Puel, après avoir été préparateur physique de l’équipe puis entraîneur de la réserve, termine son premier Championnat à la quatrième place. La seconde saison est celle de la consécration puisqu’il est sacré champion de France avec l’ASM en 2000. Si la troisième saison est plus compliquée (11e), Claude Puel part tout de même sur une finale de la Coupe de la Ligue, perdue face à Lyon (2-1, a.p.).

A Lille, où il est resté six ans, Puel a également réussi quelques coups d’éclat. Notamment celui de qualifier le LOSC a deux reprises en Ligue des champions en terminant deuxième de Ligue 1 en 2004-2005 puis troisième en 2005-2006. Cette année-là, même si les Dogues terminent troisièmes de leur groupe en Ligue des champions, ils ont réussit l’exploit de battre Manchester United (1-0) au Stade France (où le LOSC délocalisait ses matches européens). La campagne suivante de Ligue des champions est encore meilleure puisqu’après être allé gagner à San Siro face au Milan AC (2-0), Lille se qualifie pour la première et unique fois en huitièmes de finale de la Ligue des champions (défaite contre Manchester, 0-1, 0-1).
A Lyon, même s’il a été écarté un an avant la fin de son contrat, tout n’est pas à jeter non plus (voir plus bas). Enfin, à Nice, Puel est en passe de connaître une saison historique. Alors qu’il a déjà qualifié le club pour la Ligue Europa en 2012-2013 pour la première fois depuis 1997-1998 (Coupe des Coupes), Claude Puel est encore en course à trois journées de la fin pour la qualification en Ligue des champions, avec une équipe qui n’était pas attendue à pareille fête en début de saison.

Il est le dernier entraîneur français à avoir atteint les demi-finales de ligue des champions
L’aventure lyonnaise de Claude Puel, limogé en 2011, s’est terminée en queue de poisson, par un règlement de compte devant les tribunaux entre l‘entraîneur et son président (un procès perdu par Puel). Engagé par Aulas pour faire progresser l’équipe, Claude Puel a abandonné le titre de champion de France que le club avait remporté les sept saisons précédentes, malgré des investissements colossaux (Lloris, Pjanic, Makoun, Lisandro Lopez, Bastos,…). S’il n’a pas eu de réussite sur la scène nationale, impossible d’en dire autant en Ligue des champions. A trois reprises, il a passé le stade des poules. Eliminé en huitièmes de finale en 2009 par le Barça (1-1, 2-5) et en 2011 par le Real Madrid (1-1, 0-3), il a qualifié l’OL pour le dernier carré en 2010. En sortant le Real en huitièmes (1-0, 1-1) et Bordeaux en quarts (3-1, 0-1). Depuis, aucun club français n’a atteint les demi-finales de la Coupe aux grandes oreilles, pas même l’OM de Deschamps et encore moins le PSG de Blanc.

Il a lancé de nombreux jeunes
Tout en ayant des résultats, Claude Puel, formateur dans l’âme, a toujours su donner leur chance aux jeunes. Des gamins du centre de formation ou d’autres qu’il a su aller chercher dans des contrées plus ou moins lointaines pour les lancer en Ligue 1. C’était déjà le cas à Monaco, où il a lancé dans le grand bain Eric Abidal, Dado Prso, Julien Rodriguez, John Arne Riise, Pontus Farnerud ou encore Rafael Marquez. Même constat à Lille. C’est sous ordres que Mathieu Bodmer, Jean II Makoun, Michel Bastos, Yohan Cabaye, Mathieu Debuchy, Eden Hazard et bien d’autres ont débuté en pro. Si cela a été moins le cas à Lyon, puisqu’il avait à sa disposition des moyens pour mettre en place une équipe expérimentée, il a remis ça à Nice. Cette année, Nice à l’effectif le plus jeune de l’élite française avec 24,12 ans de moyenne d’âge. Depuis son arrivée sur la Côte d’Azur, Puel a lancé 28 joueurs en L1, dont 21 formés au club !

Il a relancé Ben Arfa
C’est peut-être le plus louable de ses mérites. Alors qu’Hatem Ben Arfa est «revenu dans l'enfer», comme il l'avait confié dans nos colonnes en novembre dernier, Claude Puel lui a tendu la main, même si l’ancien Lyonnais n’avait quasiment pas joué depuis près d’un an. Une dernière chance que HBA a saisie. Depuis, à chaque prise de parole, l’ancien enfant terrible du football français n’en finit plus de remercier son mentor plus ou moins explicitement. «A Nice, j’ai trouvé le bon cadre pour m’épanouir», a-t-il expliqué à L’Equipe. Des mots qui viennent confirmer ce qu’il avouait dans FF en novembre dernier : «Il a une très grande part de mérite dans ce qu’il m’arrive actuellement. Sans lui, je ne serais pas revenu aussi vite […] C’est le premier qui me cerne aussi bien. Il a tout de suite saisi comment je pouvais fonctionner. Si je l’avais connu avant, je ne serais sans doute pas le même joueur aujourd’hui».

Antoine Raguin
France-Football