Koné peut-il devenir grand ?

Le secteur offensif niçois perd de la hauteur avec l'arrivée du "petit" (par la taille !) Bakari Koné. Pas sûr que les Aiglons y perdent en qualité ! L'ex-Lorientais n a pas terminé pour rien meilleur buteur de L2.

Exit les Jankauskas (1 m92, 0 but) et Agali (1 m93, 6 buts), place à Bakari Koné (1 m63). Cette saison, c'est l'ex-Lorientais qui sera chargé de dynamiter les défenses de Ligue 1. Avec la présence du meilleur buteur de la Ligue 2 (24 buts en 35 rencontres de championnat), Marama Vahirua (1 m72) risque de se sentir un peu moins petit tout à coup ! Avec cette arrivée, les Niçois ont frappé un grand coup sur le marché des transferts car l'international ivoirien était très sollicité : par Nantes, Anderlecht, Auxerre, Sochaux et Strasbourg, notamment. Il s'est donc finalement engagé aux premières heures du Mercato pour quatre ans et un transfert d'environ 2 millions d'euros.

Après avoir misé sur des joueurs grands, physiques mais qui se sont finalement révélés peu efficaces au final, Nice parie donc désormais sur la vitesse, la malice de cet attaquant formé à l'Académie de Jean-Marc Guillou et qui a évolué au Qatar avant de poser ses valises à Lorient en 2003. En deux saisons en Bretagne, il a brillé de mille feux (10 puis 24 buts) et a réussi à faire taire les sceptiques qui pensaient qu'il ne pourrait jamais réussir en Europe à cause de sa petite taille. Sa taille ? Un faux problème pour le Nantais Emerse Faé, son coéquipier au sein de la sélection ivoirienne : "La taille est anecdotique. Elle ne fait pas tout. Bakari est un attaquant qui va faire très mal aux défenseurs. J'ai rarement vu un joueur aussi vif et adroit devant le but. Sil a des occasions, il en met toujours au moins une au fond". Conscient que sa taille puisse interpeller, Koné avait tenté dernièrement de mettre les choses au point : "On dit que le football exige de plus en plus de grands gabarits ? Je pense que c'est faux ! Mais les joueurs petits sont mal considérés et doivent prouver plus pour percer". Pour son plus grand bonheur, Jean-Marc Guillou (à l'Académie) puis Christian Gourcuff (à AIItihad puis à Lorient) n'ont pas non plus bloqué sur la taille de ce joueur qui évolue en pointe mais aime bien décrocher afin de profiter des espaces et de se faufiler au milieu des défenseurs adverses. Et en dépit de la pléthore de bons attaquants que compte la sélection ivoirienne (Dindane, Drogba, etc...) Henri Michel compte aussi sur lui : "Je l'utilise beaucoup comme joker. C'est un joueur "miniature" qui sème la panique lorsqu'il est lancé. Il a prouvé en Ligue 2 qu'il avait des qualités de buteur, qu'il était très adroit".

"Un joueur miniature qui sème la panique !"

Peu de joueurs de ce gabarit ont réussi à se faire une place au soleil de l'élite française et le dernier en date n'est pas franchement le meilleur exemple à suivre pour Bakari Koné. Arrivé en grande pompe à Monaco l'été dernier, Javier Saviola (1 m68 ; 8 buts en 27 matches) a été l'une des grandes déceptions du dernier championnat. Il ne s'est jamais réellement intégré à l'effectif monégasque et a avoué qu'il ne pensait pas que la Ligue 1 était un championnat aussi difficile physiquement. Pour Koné, la situation est différente. Il a tout à prouver, débute à ce niveau et nul doute qu'il sera beaucoup plus motivé que l'Argentin, prêté par Barcelone et qui n'a brillé que par intermittence surtout lors des grands matches de Ligue des Champions.

Henri Michel est impatient de voir ce que peut réaliser son poulain au plus haut niveau : "Il est intéressant de voir ce qu'il donnera en Ligue 1. J'ai parlé avec lui du choix de Nice. Apparemment, le club a un projet à long terme et il veut y participer. Faut voir". Emerse Faé, lui, est plus pessimiste que son sélectionneur : "Bakari est un très bon attaquant mais sa réussite dépend des joueurs qui évoluent autour de lui. Je ne suis pas convaincu que Nice soit le meilleur choix pour lui". Les supporteurs niçois espèrent que oui et ils se régalent à l'avance de le voir sur la pelouse du Ray. Car avec Koné, les Aiglons ne balanceront plus de longs ballons devant, ils devraient pratiquer un jeu plus posé, plus agréable pour le spectacle.

Valérie PRATDESSUS
Le Foot