Vahirua a mué

Attaquant de formation, Marama Vahirua occupe de plus en plus souvent le poste de meneur de jeu au sein de l'équipe niçoise, en retrait derrière une pointe offensive à deux têtes. Un positionnement nouveau pour le Tahitien qui s'est vite adapté à la demande de son entraîneur Frédéric Antonetti. Reste à traduire tout cela en résultats, dès mardi pour le compte des quarts de finale de la Coupe de la Ligue contre Bordeaux, une compétition sur laquelle mise beaucoup la formation azuréenne.

Il n'inscrira peut-être pas 10 buts comme la saison dernière, mais son influence sur le jeu niçois devrait s'avérer plus importante. Depuis la venue de l'Olympique Lyonnais au stade du Ray fin novembre (1-1), Marama Vahirua occupe un inattendu poste de n°10, dans un registre «platinien», à savoir en meneur de jeu dans l'axe derrière deux attaquants, Bagayako-Koné, ce dernier, parti disputer la Coupe d'Afrique des Nations, étant actuellement suppléé par le dernier arrivé, David Bellion.

Une innovation qui faillit bien porter ses fruits face aux quadruples champions de France: ces derniers auront rarement été aussi chahutés cette saison en Ligue 1 qu'au stade du Ray et il s'en est fallu d'un arrêt décisif de Coupet pour ne pas perdre complètement le fil du match au moment où Nice menait 1-0.
"Les résultats sont décevants, mais le contenu est encourageant", constatera d'ailleurs à l'issue de la rencontre Frédéric Antonetti, faisant référence aux derniers résultats de ses protégés, et particulièrement à celui-là.

Quant à Vahirua, il se réjouira d'avoir su répondre à la demande de son coach, mais surtout d'avoir pris du plaisir derrière la complémentaire doublette Bagayoko-Koné: "Le coach me dit depuis le début de la saison qu'il me voit plus jouer derrière les attaquants. Je m'y sens bien, c'est un régal de jouer avec deux attaquants comme cela: il y en a un remiseur, et l'autre qui est une flèche, c'est le top ! J'avais tout le temps quelqu'un à qui donner le ballon." Ce qu'il fit ce soir-là avec talent. Pas évident pourtant de passer d'un poste de pointe qui doit souvent jouer dos au but et n'a guère l'habitude de trouver des partenaires devant lui, à un costume de meneur se devant d'avoir constamment un œil sur le positionnement de ses attaquants, tout en étant capable de faire les décalages au milieu par sa technique.

"Une nouvelle carrière commence"

Mais la technique, Vahirua n'en a jamais manqué, comme le soulignait d'ailleurs Antonetti, persuadé de disposer avec l'intéressé de "l'un des meilleurs techniciens de France". Ses trois buts inscrits cette saison en Ligue 1 en sont d'ailleurs la parfaite illustration : deux coups francs directs parfaitement ajustés face à Auxerre et Troyes, confirmation s'il en est d'une certaine prédisposition pour le poste (les meneurs sont souvent chargés de ce genre de sentences), et surtout cette fabuleuse reprise retournée contre Toulouse (2-1) lors de la 20e journée sur un centre venu de la gauche pour ce qui a été la meilleure prestation des Aiglons cette saison (en tout cas en première période).

Un match à l'issue duquel Antonetti louera une nouvelle fois la qualité du travail effectué par son n°10: "J'ai de nombreux motifs de satisfaction: notre avance sur le premier relégable, notre première mi-temps de très haut niveau, l'affirmation de Marama à son poste de meneur." Reste que les facultés d'adaptation du Tahitien demandent encore confirmation, Antonetti, malgré ces louanges, l'ayant à plusieurs reprises laissé sur le banc (il compte 11 titularisations cette saison).

Mais une chose est désormais certaine aux yeux de l'ex-Nantais: il n'a pas l'intention de faire machine arrière, comme il le confiait récemment dans les colonnes de L'Equipe: "Une nouvelle carrière commence. J'ai envie de progresser et de me faire un nom à ce poste. Tout m'y plaît. Je connais trop l'importance de la passe lorsqu'on est en pointe." Après avoir connu le Vahirua buteur «à la pagaie», le stade du Ray devrait, si la réussite est au rendez-vous, se familiariser avec le Vahirua passeur à la baguette...

Axel CAPRON
Sports.fr