Eric Roy ou le plaisir de l'arene

A 34 ans, le Niçois est revenu à ses premières amours. Face à l'OM, un club qui l'a marqué,
il sera l'une des clés de l'entrejeu azuréen. Pour faire sauter le verrou marseillais

Il a la maturité de ceux qui ont beaucoup bourlingué. Bu du champagne mais avalé quelques couleuvres. En bientôt 14 ans de carrière (il a débuté en D1 le 26 novembre 88 lors d'un Nice-Montpellier), Eric Roy a pas mal roulé sa bosse. Sans toujours rouler carrosse.

Nice, puis Toulon, Lyon avant Marseille, Sunderland, Troyes, Rayo Vallecano et un retour à la case départ. Gagnant, jusqu'à présent.

C'est ainsi qu'on fabrique des hommes. Ainsi que s'affirment les joueurs. Parmi les six clubs qu'il a fréquentés, Roy garde avec force dans son coeur, les traces de son séjour marseillais. Trois saisons entre 96 et 99.

« J'y ai vécu de très bons moments, avec une équipe très performante, surtout la dernière année. C'est la meilleure équipe dans laquelle j'ai évolué. » (Ndlr : 2e du championnat derrière Bordeaux, finale de C3 contre Parme).

La ferveur marseillaise, les grands matches chaque semaine, la difficulté à s'y imposer autant de maillons qui vous forgent le caractère : « On le dit souvent mais quand on réussit à Marseille, on réussit partout. C'est pour cela que c'est bien de pouvoir y passer quand on est jeune. »

Après avoir poussé des ballons du nord de l'Angleterre jusqu'au sud de l'Espagne, Eric n'a pas hésité quand on lui a proposé de revenir enfin caresser la balle chez lui. « At home. A casa. »

Du coup, ces retrouvailles avec l'OM au bout de six petites journées sont un réel bonheur. Un événement. Même si, avec l'expérience qui le caractérise, Eric fait mine de se convaincre du contraire.

« C'est un match comme les autres et je sais bien qu'il ne rapporte pas plus de points que les autres. Mais c'est un peu particulier. C'est un derby. Entre joueurs il n'y a pas d'antagonisme, mais ce sont des matches qui appartiennent aux supporters. Ils'agit de suprématie régionale même si à Marseille, le seul match qui compte dans l'année, c'est contre le PSG. »

Capitaine au long cours, Roy n'a pas besoin de brassard. II fait partie des grognards sur lesquels Gernot Rohr peut s'appuyer.

A son âge, on joue surtout pour faire durer le rêve. Continuer à prendre du plaisir dans l'arène. Ce qui autorise toutes les folies, comme cette tête rageuse en guise de banderille qui a suffi à terrasser Montpellier.

Aux côtés des Cobos, Diawara, Everson, Bigné and co, Eric va tenter ce soir de faire mettre un genou à terre aux Olympiens : « Il faut conserver l'état d'esprit qu'on a manifesté jusqu'à présent. On a tout à craindre de cette équipe mais en même temps, on peut très bien les battre ! Quand on est sportif de haut niveau, il faut envisager la défaite mais également la victoire. C'est là qu'on peut se mettre dans les conditions de remporter un tel match. On sait qu'on n'est pas la meilleure équipe du championnat mais c'est avec notre état d'esprit et notre collectif qu'on peut y arriver. »

Eric Roy a les mots justes. Ce soir, il faudra que ses gestes le soient.

Ainsi est fait le football.