Le professionnel
(Article Nice Matin, 22/03/2002)
Manu Nogueira est un exemple. Un guide qui rêve, lui aussi, de
sommet.
C'est l'histoire d'un mec bien. Droit, digne. Un homme de valeurs
qui respecte une parole, une promesse, une mission mais aussi les
couleurs d'un maillot.
C'est l'histoire d'un footballeur exemplaire. Bosseur, leader. Un
guide de vertus qui n'hésite jamais à se sacrifier pour ouvrir la
bonne voie.
Manu Nogueira est un professionnel. Un vrai. Celui qu'on écoute.
Celui qu'on suit.
Lorsque les autres parlent de lui, c'est un déluge de louanges.
Une pluie de compliments. « Le joueur est un modèle, le garçon
l'est aussi. Manu, moi, je l'aime ! », clame Didié Angan qui le
connaît depuis maintenant trois saisons.
Partout où il est passé, "Manu" aura porté le brassard de
capitaine. Cannes, Valence, Alès, Nice. Cette marque de
reconnaissance n'est jamais un hasard.
Pourtant, le patron n'est pas un bavard du vestiaire. Pas un
tribun du couloir dernier. Même si aujourd'hui il parle beaucoup
plus qu'hier, c'est surtout sur le pré que ses mots, faits et
gestes prennent ampleur et résonance.
Nogueira symbolise ce qu'on appelle la conscience professionnelle.
« Je suis peut-être de la vieille école. Alors, oui, je respecte
les gens et le football. Oui, j'estime avoir des droits mais aussi
des devoirs. Oui, je me sens redevable d'un club qui me paye. Bien
sûr, il y a parfois des choses qui me heurtent, mais je n'ai pas à
le crier sur tous les toîts. On peut ne pas être d'accord avec
certains choix, mais on n'a pas à se plaindre sur la place
publique. », affirme celui qui n'a jamais changé de tour de tête.
A 33 balais, il sait nettoyer devant sa porte.
Comme les autres "tauliers" (Valencony, Angan, Cobos, Aulanier ou
Rodriguez), il enrichit les jeunots de son expérience. « Ils sont
demandeurs. Eux nous le rendent sur le terrain. »
« Je suis au service de l’équipe »
Actuellement il joue un coup sur deux. A l'extérieur où on lui
demande de couper les liaisons ennemies.
A la maison, il s'assoit sur le banc des remplaçants pendant que
Pablo Rodriguez s'occupe de la construction du jeu.
Mais il ne faudra pas compter sur lui pour s'apitoyer sur son sort
d'intermittent. « Aujourd'hui, on n'a pas le droit d'avoir des
états d'âme. On se doit de penser au collectif. A l'ambition
commune. Ne pas être aligné au Ray où l'on sens l'espoir et la
passion vibrer est, évidemment, une frustration. Mais ce n'est pas
maintenant que je vais changer d'état d'esprit. J'ai un rôle, un
poste. Je suis au service de l'équipe. Prêt à donner le maximum
lorsqu'on fait appel à moi. Point final. », lance-t-il, le regard
clair et fier.
Demain à Gueugnon, il devrait donc être dans le onze de base. Aux
côtés de Romain Pitau. Au milieu.
Là où il ne fait jamais les choses à moitié. Là, où il bataille
sur chaque ballon. Tacle. Relance. Avec ses armes. Sans jamais
désarmer.
Manu est un six qui se met en quatre. Un "guerrier" qui n'a pas
peur de la pénombre. Et tant pis si certains observateurs -qui ont
parfois de la peau de saucisson sur les pupilles- ne voient pas
l'importance de son travail.
« Ceux qui connaissent le foot savent où mettre la lumière », se
contente-t-il de souffler.
Il ne sera, décidément, pas un chercheur de gloire éphémère et de
flatteries déplacées.
La reconnaissance, il la trouve dans les yeux des siens suite à
une énième récupération qui fera son chemin.
« Les lendemains sont excitant »
Chez les Forgerons il prévoit un combat. Un de plus. Face à une
formation typique de D2. « C'est grand, c'est costaud, c'est
délicat à négocier. C'est Gueugnon... », avance celui qui se méfie
d'un adversaire libéré, déjà sauvé.
« Battre Nice est devenu un beau challenge. On l'a vu avec
Wasquehal qui, au Ray, semblait disputer un match de Coupe
d'Europe... »
A six étapes du verdict, il juge tous les rêves permis. Le bonheur
est au bout de la route.
« On ressent une certaine force, une certaine capacité à relever
tous les défis ! » souligne l'optimiste déterminé.
Les années précédentes, il luttait pour éviter la relégation. La
chute dans le vide. Les temps changent. « Il y a la même pression,
le même stress. Mais là, les lendemains ne sont plus angoissants
mais excitants. »
Pour lui, la montée va se jouer au mental. « Dans ce groupe de
tête, il n'y a pas une équipe plus forte que l'autre. Tout va être
une question de caractère. C'est là que se fera la différence ».
Il ne se fait guère de soucis. L'OGCN a une âme. Et du coeur !
« Il y a une réelle confiance individuelle et collective. Chacun
peut s'appuyer sur l'autre. Il n'y a plus de faille. Ca tient
debout. Et puis, on ose, on tente, on provoque. C'est fou comme
les résultats peuvent changer un groupe. »
Lui reste le même.
Les crampons vissés sur la terre ferme des réalités.
En attendant une éventuelle visite au septième ciel, il bosse,
donne de la voix, offre des conseils, montre l'exemple.
En vrai professionnel.
Philippe CAMPS.
Vendredi 22 Mars 2002
© Nice-Matin
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