Flo Invité
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Everson : un taureau pour le Gym
(Nice-Matin, Mardi 23 Juillet 2002 )
A Nice depuis trois semaines, l'ancien girondin (qui a signé pour trois ans) espère saisir la deuxième chance qui lui est offerte en France. Puissant et attiré par le but, il vit près de la nature quand il rentre au pays, propriétaire d'une ferme de 300 hectares au Brésil...
Everson Pereira Da Silva avait 16 ans lorsqu'il termina meilleur buteur d'un tournoi de sélection à Londrina, au Brésil. Pour lui remettre le trophée : un certain Giovane Elber, vedette au pays et future star du Bayern Munich...
Everson gardera la photo. Le destin offre parfois de drôles de coincidences. Neuf ans plus tard, qualifié surprise pour les quarts de finale de la Coupe d'Allemagne, Everson, milieu de terrain du petit club d'Osnabruck (D3 allemande), retrouve Elber avec le Bayern sur le terrain. « On a perdu, mais sans démériter. A la fin, je lui ai demandé son maillot », raconte le néo-Niçois. « Je lui ai rappelé la scène de Londrina, il a écarquillé les yeux. Je crois qu'il s'est souvenu. Il m'a invité à sa table et alors, on a refait le monde... »
Son univers, à Everson, c'est d'abord une ferme de 300 hectares. Celle qu'il s'est offerte, sur ses terres d'origine, à Mato Grosso do Sul, au centre du pays, loin de Rio, des images de carnaval et de paillettes... « A Mato Grosso, on cultive davantage l'art du travail que celui de la fête », sourit Everson. « La mer, je ne l'ai pas vue quand j'étais gamin. La première plage, elle était à 12 00 km... ».
Il souligne : « J'ai grandi dans un environnement très pauvre. Mais je n'ai pas eu à me plaindre. Nous avions toujours de quoi manger ».
Aujourd'hui, ses parents habitent du côté de Campo Grande, dans une maison qu'il leur a achetée. Sa fierté. Son frère s'occupe de la ferme, avec deux autres personnes. « Quand mon père est venu au ranch la première fois, j'ai vu les larmes dans ses yeux. Il vivait son rêve. Monter à cheval, ramener les bêtes (il possède 140 veaux et vaches), les marquer au fer (avec un motif inspiré de ses initiales)... J'aime cette vie, hors de la ville ».
« Envie de prouver » Si l'Europe a donc permis à Everson d'assurer ses arrières, elle ne lui a, pour l'instant, apporté aucune gloire. Formé dès l'âge de 13 ans à Sao Paulo (au Portuguesa de Desportos, le club de Zé Roberto), disputant son premier match pro à 19 ans (au Parana Clube), il est arrivé à l'âge de 20 ans aux Girondins (où il croisa Gernot Rohr). Mais il n'a pas joué en D1, bloqué par le nombre d'extra-communautaires. Il trouvera le même problème au PSG, avant de signer son premier contrat pro au Servette de Genève. Ce fut ensuite la Belgique (Molenbeck), et l'Allemagne, en D2 ou D3, seulement... « Pour moi, revenir en L1 à Nice, c'est une opportunité fantastique », dit-il. « Je me trouve dans le même état d'esprit que tout le groupe. Celui d'un promu, qui a très envie de prouver ce qu'il vaut ».
Aligné aux côtés de Romain Pitau en milieu défensif contre Cagnes (un but superbe à la clé), puis en position plus avancée contre la sélection amateur, Everson, qui était avant-centre au Brésil, suit d'abord les consignes... « J'ai une très grande confiance en Gernot Rohr, qui m'a fait venir ici », note-t-il. « Comme technicien, et aussi en tant qu'être humain. Lorsque le club a appris qu'il était confirmé en National, Gernot, cinq minutes après, il avait déjà repris le combat ».
Si Everson doit parfois canaliser son tempérament sur le terrain (en Belgique, il vit rouge à cinq reprises..), on découvre un homme affable en dehors, qui à force de voyager, s'est découvert la passion des langues. Il en parle cinq (Portugais, Français, Anglais, Allemand, Espagnol). Il a épousé, l'an passé, une Brésilienne au prénom sans frontière, Michelle, prof d'éducation physique.
On souhaiterait presque, pourtant, que l'Europe n'ait pas trop déteint sur son jeu... « L' Allemagne m'a appris la rigueur et la tactique, et c'est vrai que j'ai un physique costaud. Mais pour moi, mon point fort, c'est d'abord la technique. Le foot, petit, je l'ai appris en salle, où on jouait à cinq contre cinq, à toute vitesse. J'aime le ballon, le beau geste ».
Lorsqu'il aura trouvé sa pleine condition et l'équipe, son équilibre, Everson dit qu'il n'hésitera pas à tenter des choses. Pour aller le plus loin possible, avec Nice. Se faire un nom dans l'élite, « Ma dernière chance », dit-il, à 26 printemps, et avant de retrouver définitivement, dans quelques années, les plateaux de Mato Grosso. « Giovane Elber, lui aussi, a eu l'idée d'investir dans l'élevage », glisse Everson. « Mais avec un ranch carrément immense, dix fois la taille du mien... ». La dimension Champion's league, peut-être !
François PATURLE
Mardi 23 Juillet 2002
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