Nice, les bonnes affaires

En misant sur des footballeurs peu connus ou en relançant des éléments laissés pour compte ailleurs, le club azuréen a réussi son marché de l'intersaison.

Il lui faudra cependant parvenir à conserver des joueurs pour l'essentiel prêtés.

Il n'est pas nécessaire d'effectuer un recrutement au prix fort pour obtenir le prix du plus fort recrutement. Pour preuve, c'est en disposant d'un portefeuille bien rachitique que Gernot Rohr, principal protagoniste des arrivées de joueurs à l'intersaison, a dû fortifier son groupe.
« Le président m'a dit : " Tu peux recruter, mais ça ne doit rien coûter ", raconte l'entraîneurmanager des Aiglons. Alors, j'ai regardé dans mon carnet d'adresses. » Et en se plongeant dans les noms qui ont émaillé son passé, l'ancien défenseur des Girondins a effectué une pêche fort réussie. « C'est un petit miracle qui s'est produit, car ne se tromper sur personne est rare. Sur les dix qui nous ont rejoints, je n'en regrette aucun, même si Patrick Barul n'est pas titulaire actuellement. On a eu du flair et de la chance, et je dois dire qu'il en faut toujours un peu. » En général, pour obtenir un recrutement abouti, un troisième ingrédient vient se superposer sur les deux précédemment cités par l'entraîneur du Gym, et il ne s'agit pas du moindre : le temps. Or c'est seulement à partir du 19 juillet, jour où le maintien de Nice en L 1 fut officialisé, que Gernot Rohr a véritablement commencé son marché. « Pour être honnête, j'avais déjà réfléchi à d'éventuelles venues, poursuit-il. Mais il est vrai qu'avant la décision du conseil fédéral, seul Everson avait signé. »

DEUX NOUVEAUX JOUEURS AU MERCATO

Par la suite, des joueurs de divers horizons ont rallié le club, tous unis par l'envie de capter un peu de lumière, eux qui vivaient dans les recoins d'effectifs parfois pléthoriques, à l'image de Diawara. « Kaba m'a appelé et m'a dit : " Je peux me libérer ", raconte Rohr. Alors, je lui ai dit : " Voilà ce qu'on peut te donner comme salaire "

Il m'a rappelé deux jours après et m'a dit : " C'est bon. " A l'image de l'avant-centre du Gym, chaque recrue possede sa propre histoire : Gregorini qui a laissé ses coordonnées à Rohr dans un aéroport, ou Everson que le technicien des Aiglons a récupéré en D 3 allemande, après l'avoir connu durant sa période girondine. « J'ai cru en " Evi " et j'ai peut-être été le seul. Il possède à la fois la puissance et l'inspiration, ce qui est un mélange rare, surtout pour un gaucher. » Autant de qualités qui excitent depuis quelques semaines les divers recruteurs, de plus en plus présents au stade du Ray et appâtés par l'inattendu parcours de l'OGCN. Au vu de semblable intérêt, la question suivante se fait déjà jour : comment le club azuréen pourra-t-il dupliquer la saison prochaine ses performances actuelles, puisque sept des dix recrues sont prêtées ?
« On veut stabiliser le club et donc conserver un groupe homogène la saison prochaine, qui sera importante, répond Maurice Cohen, président de ce club roi du prêt-à-porter. Alors, on espère conserver la moitié des joueurs prêtés et ne vendre personne, sauf si on nous met 8 M€ sur la table. On n'est pas bêtes, on y réfléchira à deux fois. Mais l'idée est de bien encadrer nos joueurs tels que Pamarot, qui ont un potentiel, grâce aux leviers financiers dont nous disposerons au printemps prochain. En effet, en ce moment, on dépense environ 1,5 M€ par saison pour des éléments qui ne jouent pas (Rodriguez, Cinetti notamment) et, en juin, ils seront partis, ce qui nous donnera de l'argent. Cependant, la politique salariale demeurera la même : il n'y aura pas d'inflation à Nice. D'ailleurs, on a déjà pratiquement recruté deux joueurs en vue de la saison prochaine, car ils seront libres en juin.

Ils vont s'engager dès le mercato, sans recevoir de prime à la signature. Mais ils recevront un pourcentage important sur leur futur transfert. A Nice, on veut changer les habitudes. » Après s'être déjà changé la vie.

Vincent Villa
Vendredi 27 décembre 2002
© France Football