Maurice Cohen : le président de l'OGC Nice élu à l'unanimité

Tout sourire, détendu, ouvert à toutes les questions : ainsi s'est présenté Maurice Cohen face aux lecteurs de Nice-Matin. La bonne passe de l'équipe, le travail d'Antonetti, les transferts actuels et futurs, le besoin de plus en plus pressant d'un grand stade, la pauvreté des équipements actuels, le président de l'OGC Nice a répondu sans rechigner, avec son franc-parler. Même lorsqu'on lui a demandé pour qui il voterait aux municipales de Nice...

- Comment l'OGC Nice, sauvé de justesse de la relégation, peut-il aujourd'hui prétendre à l'Europe ?

Le football est complexe. Mais notre position aujourd'hui est conforme à notre deuxième partie de saison dernière. Si l'on fait un classement des matchs retour, on pouvait prétendre finir en haut du classement cette année. Disons qu'après la finale de la Coupe de la Ligue, nous étions trops confiants. Puis arrive cette série de six matchs où nous ne prenons qu'un point. Les tensions sont nées. Des départs ont été mal assimilés, notamment celui de Sammy Traoré. Il manquait de leaders et les arrivées de Laslandes et Letizi ont beaucoup apporté. C'est un exploit de s'être sauvé ! Puis, nous sommes repartis avec sensiblement le même groupe. Beaucoup de gens ont critiqué nos choix mais le staff avait des certitudes. Ça nous a réussi. Mais attention, même si nous pratiquons un jeu agréable, il faut rester prudent : le championnat est serré.

- Si Nice était européen, ne serait-ce pas une catastrophe dans l'état actuel des choses ?

Notre premier objectif est le maintien. Un petit club comme le nôtre doit aller étape par étape. Le président de Toulouse m'a dit ''Je te souhaite de ne pas finir troisième'' ! Mais chaque chose en son temps, on affrontera les problèmes lorsqu'ils se présenteront. Mais ce serait tout de même de beaux soucis...

- Certains sont frustrés de cette position minimaliste. Que manque-t-il au club de la cinquième ville de France ?

Il faut le demander aux politiques. On bricole ! On est le seul club qui n'a pas de perspective d'avenir. Nous avons des vestiaires qui datent des années 20, le stade a été construit en 1923 ! Il n'y a pas de bon ouvrier sans bons outils ! C'est un miracle de nous maintenir depuis six ans !

- Pensez-vous investir dans un centre d'entraînement ?

Cela dépend de la prochaine municipalité. Si le centre se trouvait par exemple dans le nouveau stade. Sinon, il faudra se prendre en charge...

- Avez-vous rencontré les candidats à la municipale pour le nouveau stade ?

Oui. Et si je reconnais que Jacques Peyrat a eu la volonté de construire un stade, je dresse aujourd'hui un constat : il est resté treize ans au pouvoir et nous n'avons pas de stade ! Je n'ai plus confiance en ses projets et à ceux de son adjoint aux Sports, Jean-Claude Mari. Alors, je soutiens personnellement Christian Estrosi. Je suis convaincu qu'avec lui et son équipe, nous aurons notre stade. De plus, nous sommes associés aux discussions.

- Combien de temps les instances nous laisseront-elles jouer au Ray ?

La loi a changé, il n'y a plus besoin d'un nombre précis de places assises. Seuls les critères d'hygiène et de sécurité sont pris en compte. On est en conformité avec la Ligue 1. Mais nous n'aurions pas la licence pour disputer une Coupe d'Europe.

- Quel stade aimeriez-vous voir construit ?

On en construit un tous les 100 ans. Nous mériterions un stade aussi grand que Lille. Le remplir ? Les clubs qui nous ressemblent font 80 % de remplissage. On ne ferait pas 40 000 à tous les matchs, mais pour certains, nous y parviendrions sans problème. L'idéal serait 40 000 mais 32 000 avec une extension déjà prévue, ce serait le minimum...

- Ne faut-il pas être pessimiste au sujet de la saison prochaine avec de nombreux départs et des investissements qui pourraient être frileux ?

C'est la règle du jeu, nos joueurs sont sollicités. Cette année, nous sommes arrivés à les retenir. Les salaires ont été rehaussés. Mais, à un moment donné, nous n'y parviendrons plus... Il y a la pression des joueurs et les montants des transferts qui font réfléchir. Est-on capable de trouver des joueurs aussi talentueux que ceux qui partent ? Oui, Roger Ricort et notre cellule de recrutement travaillent avec un seul mot d'ordre : anticiper ! Enfin, les actionnaires qui ont mis de l'argent pour sauver le club n'ont pas récupéré leur mise. Ils ne sont pas là pour en gagner. Donc on va réinvestir. Mais, pour augmenter les salaires il faut vendre. Lloris gagne 2 fois et 1/2 moins que lui proposait Lens.

- On en parlerait à Milan ?

Ils vont prendre Frey. Beaucoup de clubs s'intéressent à Hugo. Mais il a la tête sur les épaules. Il est Niçois sur le bout des ongles. Il partira si un club qui dispute la Ligue des Champions lui offre une concurrence pour être numéro un. Et on espère le garder...

- Quel est son prix ?

Celui du marché, selon la concurrence.

- Les joueurs peuvent se remplacer, un entraîneur, c'est plus difficile. Quel est le futur d'Antonetti au Gym ?

Cela fait plaisir, il y a un an il était décrié. Je me suis battu pour le conserver, c'est une des raisons de mon départ en janvier dernier. Je suis certain que c'est l'homme de la situation. C'est un passionné, un travailleur forcené, je ne suis pas surpris de sa réussite. Il lui reste un an de contrat, on fera le point en avril. Je souhaite qu'il reste, mais il lui faut des perspectives d'avenir.

- Le centre de formation ?

On a tout restructuré. Un gros travail se fait autour de René Marsiglia avec une politique axée sur les jeunes de PACA et de l'étranger. Il y a des jeunes dont nous sommes persuadés qu'ils vont s'imposer. Frédéric Antonetti les fait progresser et leur donne leur chance... Deux entraînements spécifiques, le mardi et le jeudi, sont mis sur pied en ce sens. Le centre nous coûte entre 2,5 et 3 millions d'euros. Il faut faire sortir un ou deux jeunes par an.

- Vous qui avez été président de l'Association, que manque-t-il au centre ?

Nous avons modifié notre stratégie. Avant, il y avait des joueurs de 22-23 ans qui évoluaient en CFA pour être classé le mieux possible. Mais ils n'avaient pas le talent nécessaire pour jouer en L1. Aujourd'hui, il n'y a que des jeunes de 16 et 18 ans. Il faut qu'ils touchent au haut niveau le plus rapidement possible.

- L'école du jeune aiglon ?

J'y étais partisan. Un seul jeune sur vingt réussit. Si on ne parvient pas à en faire des pros, il faut en faire des hommes.

- Les droits TV ?

Nous suivons cela avec intérêt. Une baisse des droits correspondrait à une baisse de notre budget.

- Le président du Gym va-t-il rester en poste ?

Je suis au conseil d'administration et il fait d'abord qu'il me renouvelle sa confiance. Je n'ai pas l'intention de démissionner. Mais il faut que la position des actionnaires soit clarifiée.

- Les relations avec l'Association ?

Il y a un respect mutuel qui s'est instauré. On essaie de travailler intelligemment.

- Le club est-il à vendre ?

Non, notre idée est de trouver un partenaire qui nous permette de franchir un palier.

- Ne faudrait-il pas un actionnaire vraiment majoritaire ?

Ce serait mieux pour le président en poste. Mais ce n'est pas un problème majeur vu le bon état d'esprit qui règne aujourd'hui au Conseil d'Administration.

J.-F. MALATESTA
Nice-Matin