Tony-06 Harlem K12 Tony
Age: 31 Inscrit le: 18 Juil 2007 Messages: 17257 Localisation: Villeneuve Loubet
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Riner: "Je ne ferai pas l'Euro"
Défendrez-vous votre titre de champion d'Europe (+ 100 kilos) ?
Au départ, je ne voulais pas faire Hambourg (l'un des trois tournois à venir avant les championnats d'Europe qui se tiendra du 22 au 24 février, ndlr) parce que Muneta (le Japonais Yasuyuki Muneta a été sacré champion du monde toutes catégories en 2007 à Rio, ndlr) sera là-bas. Je pense que d'autres combattants également y seront et ce sera important de se confronter à eux. Je vais faire Hambourg et donc je ne ferai pas les championnats d'Europe. L'événement majeur reste les Jeux. C'est plus important que les Europe.
C'est une décision que vous prenez seul ou avec vos entraîneurs ?
Ça fait longtemps que l'on en parle avec les entraîneurs. Il faut déterminer quels sont les tournois les plus importants en vue des Jeux. Aux championnats d'Europe, il n'y aura pas Muneta, il n'y aura pas tout le monde. Pour beaucoup, les deux tournois les plus importants sont Paris et Hambourg. Je pense que c'est important d'être en Allemagne.
Si les Japonais apprennent que vous allez à Hambourg, pensez-vous que Muneta ira également ?
C'est sûr. Muneta ira à Hambourg. D'ailleurs, je ne le dis pas (qu'il va à Hambourg, ndlr). [Sérieux] Non, ce n'est pas encore sûr. Dans ma tête, je veux le faire mais on doit encore en discuter avec les entraîneurs.
Qui a le dernier mot, vous ou vos entraîneurs ?
C'est moi... Mais il faudrait déjà que ces deux doigts cicatrisent (il montre deux de ses doigts de la main gauche sur lesquels il applique de la glace, ndlr).
Que vous êtes-vous fait ?
Deux entorses en sortant du Tournoi de Paris. Mais ça va, je glace (sic), ça commence à partir.
Etiez-vous à 100% de vos possibilités à Paris ?
Non. Je pense que j'étais à 60 ou 70% de mes capacités. Mais je suis content de ce Tournoi. Je sais comment sont les combattants et ce qu'il me reste à travailler sur eux.
"Je suis en mode je m'en fous"
Et que vous reste-t-il à travailler ?
La rapidité sur la garde, la vitesse d'exécution sur les attaques, le déplacement... Beaucoup de choses finalement. Certains combats ont un peu duré mais ça ne m'inquiète pas. Il me manque juste des attaques franches. Mais je n'avais pas besoin d'attaquer, il fallait attendre.
Le Brésilien João Gabriel Schlittler a semblé vous poser des problèmes en quart de finale ?
Oui parce qu'il est grand comme moi et qu'il venait me dégêner (sic) avec sa main droite au revers. Il attendait beaucoup le contre. Moi, j'attaquais, j'attaquais et plusieurs fois j'ai failli me faire contrer.
Vos adversaires ont beaucoup travaillé sur votre judo. Comment réagissez-vous ?
Ça s'est vu ? Je sais qu'ils ont beaucoup étudié mon judo mais je le fais aussi. Ce sera de plus en plus dur. Je sais ce qui me reste à travailler. J'ai déjà commencé depuis lundi.
Ça ne vous inquiète pas ?
Non, c'est parfait parce qu'ils vont se concentrer sur mon harai goshi (balayage par la hanche, ndlr) mais moi je vais les attendre de l'autre côté. Je vais travailler mon côté gauche maintenant.
Vous avez réussi deux étranglements lors du Tournoi de Paris. Vous n'étiez cependant pas un grand spécialiste au sol. C'est le fruit de votre travail également ?
J'ai appris ça trois semaines avant le début du Tournoi. C'est vrai que ça a bien marché. Mais je n'ai pas tout montré. Je cache mon jeu. Plusieurs fois pendant le Tournoi de Paris, j'ai vu des choses mais je n'y suis pas allé. A Hambourg, je ne montrerai pas plus de choses. Je n'irai que pour une personne, Muneta. Je n'aurai pas besoin de le battre, juste voir comment il est, l'avoir dans les mains parce que la compétition et l'entraînement, ça reste différent.
N'est-ce pas risqué de ne pas tester en compétition ce que vous travaillez à l'entraînement ?
Non, on travaille beaucoup à l'entraînement et puis on essaye quand même certains trucs en compétition. Pas besoin de le faire à fond, juste de faire ça (il avance sa jambe droite, ndlr) pour voir sa réaction. Je l'ai fait plusieurs fois à Mikhaylin et il avançait sa jambe gauche. Lui, c'est possible. Face au Brésilien, il faut que je travaille ma réaction parce que je sais qu'il m'attend sur mon O soto (grand fauchage extérieur, ndlr) et sur mon sasae (blocage du pied en soulevant, ndlr). Je sais ce qu'il me reste à travailler chez tous les adversaires que j'ai vu ce week-end.
Sans entrer dans la technique pure, quelle est votre force ?
Ma force, c'est d'être moi... C'est être en mode... C'est un peu le mode je me fous, je ne me prends pas la tête.
Même après les défaites ?
C'étaient de petites défaites. Attention, il y en aura d'autres des défaites. Mais, elles sont oubliées. Je vais être méchant (il rit). Ils m'ont gagné mais derrière il n'y a rien. Je les ai repris à l'entraînement, ça va, ce ne sont pas eux les pires.
"Après la médaille, je file en Guadeloupe"
Il y a un côté paradoxal chez vous. Vous parlez beaucoup d'entraînement mais vous êtes aussi très décontracté. Comment réussissez-vous à vous faire mal à l'entraînement ?
Parce que je demande à mes entraîneurs de me crier dessus. Je demande à Sergio (Dyot, son entraîneur) de me gueuler dessus quand, des fois, à certains entraînements le matin je ne suis pas trop là. J'ai besoin d'avoir des gens derrière moi. Maintenant que j'ai déjà quatre titres, il faut que les entraîneurs soient là et qu'ils me poussent à aller plus loin encore. David m'a dit de ne pas hésiter à solliciter les entraîneurs. Parce qu'après, c'est trop tard.
Pour revenir à ce Tournoi de Paris, comment avez-vous ressenti l'accueil du public de Bercy ?
Paris, c'est magnifique, c'est magique. Les spectateurs sont là, ils suivent, ils sont à fond. Même quand tu les taquines un peu avec les oreilles (il pose ses mains autour des ses oreilles, ndlr), ils suivent. Ça fait plaisir. Je ne le prends pas comme une pression supplémentaire. J'essaye de leur faire plaisir avant tout et de montrer ce que je sais faire.
Estimez-vous que le Japon reste la référence ?
Je Japon reste une nation forte. On peut dire ce qu'on veut, quand un Japonais veut gagner, il le fait. Ils ont quand même inventé le sport même si, c'est vrai les autres nations se rapprochent ces derniers temps.
Inoue a dit de vous que vous étiez assidu, respectueux et doué. Qu'en pensez-vous ?
C'est très gentil de sa part. Je peux dire qu'il a été et qu'il reste un grand judoka. Ce qu'il a fait en -100kg, c'est fort. C'est vrai qu'aujourd'hui, on l'attend sur son uchi mata (fauchage par l'intérieur de la cuisse, ndlr).
Avez-vous réfléchi à la perspective d'avoir tout gagné à seulement 18 ans ?
Plus que la perspective d'avoir tout gagné, c'est le fait des les gagner si rapidement. Ce n'est pas quelque chose d'impossible mais vraiment dur à réaliser. Après si j'obtiens une médaille je serai content, avec l'or aussi. Si je ne suis pas titré, j'aurai quatre ans de plus à attendre.
Vous dites ne penser qu'aux Jeux Olympiques. Comment y pensez-vous ?
Je travaille pour Pékin, je veux aller chercher une médaille à Pékin. Je sais que ce sera dur. C'est tout ce que je peux réussir à imaginer. Le reste... Rien que d'imaginer le dojo, je n'y arrive pas.
Vous essayez tout de même d'anticiper l'événement ?
Oui, j'en ai discuté avec David (Douillet) et Thierry (Rey). Tous ceux qui ont participé aux Jeux. Ils me donnent des conseils. Ils m'ont dit que c'était autre chose.
Quels conseils vous ont-ils donné ?
Prépare-toi bien (rires). Le premier conseil qui revient c'est: "il faudra être fort dans la tête". Et puis de ne pas faire attention à tout ce qu'il y a autour. De rester concentré.
Etes-vous excité à l'idée de vivre cette compétition, de découvrir le village olympique ?
Non, non. Je ne pense qu'à mon objectif.
Après la médaille peut-être ?
Non, après la médaille, je file en Guadeloupe (rires).
Sans même nous voir ?
Ah, put... m... (rires) Non, tout de suite après, vous serez là je pense. S'il y a la médaille parce que sinon, je file direct. Non, plus sérieusement, même s'il n'y a pas de médaille, je serai là pour vous répondre mais à partir du 20 (août), je pense que serai parti pour la Guadeloupe. _________________ ISSA NISSA ! |
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