Lionel Letizi : « A Nice, on savait... »

Partenaire de Lloris à Nice entre 2006 et 2008, Lionel Letizi, ancien international (4 sélections), a particulièrement apprécié les deux prestations du gardien lyonnais face à l'Irlande. Plus que jamais, il lui prédit une immense carrière.

- Lionel, les deux énormes prestations d'Hugo Lloris, votre ancien partenaire à Nice, face aux Irlandais, ont dû vous faire plaisir...
Il a été très très bon. Ca m'a fait plaisir qu'il fasse de tels matches. En général, je suis toujours content quand un gardien fait un bon match. En plus c'est un gardien que connais bien puisqu'on a bossé ensemble plus d'un an et demi ensemble. Et c'est un Niçois... Je suis vraiment content pour lui.

- Il a clairement été l'homme de cette double confrontation. Vous pensez qu'il vient de franchir un nouveau palier par rapport à son passage à Nice ?
Ah oui. Déjà l'an passé à Lyon, il avait progressé. Là, il fait un début de saison exceptionnel. Il est en pleine progression. A Nice, on savait qu'il avait une marge de progression énorme. Et ce n'est pas fini.

- Dans quels domaines avez-vous senti qu'il a progressé ?
Faire un tel match dans un tel contexte, chapeau. En fait, il est arrivé à faire au plus haut niveau les mêmes matches qu'il faisait à Nice. Avec un énorme enjeu, une énorme pression. A Nice, je l'ai vu gagner des matches à lui tout seul. Le faire ici, c'était une chose ; le faire à Lyon en progressant, c'est une autre chose ; le faire en Ligue des champions toujours en progressant, c'est encore autre chose ; mais le faire à ce niveau international, c'est vraiment impressionnant. J'ai joué à ce niveau là, et je peux vous dire que la pression est énorme. C'est un très gros truc. Moi, j'avais eu beaucoup de mal à gérer cette pression. Donc faire ce genre de match dans un tel contexte, c'est vraiment très impressionnant. Il est très très bon en ce moment.

« Il a un avantage sur Mandanda, c'est sûr. Mais à cet âge, rien n'est acquis »

- Son duel avec Mandanda a duré longtemps. Qu'a-t-il de plus que lui ?
Là où il a été très bon sur cette double confrontation, c'est dans le domaine aérien. Il s'est vraiment imposé. Mandanda aurait peut-être fait la même chose, vu qu'il est très bon dans les airs... Mais ce qu'il a en plus par rapport à Mandanda désormais, ce sont ces deux matches fabuleux. Les deux cherchaient un match référence : Lloris vient d'en faire deux de suite. Il a un avantage sur lui, c'est sûr. Mais rien n'est acquis à cet âge là. Lui-même l'a dit après le match : il doit encore assumer les grosses échéances avec Lyon pour espérer conserver sa place.

- Après le match aller en Irlande, Patrice Evra expliquait que Lloris devait désormais combattre sa timidité pour avoir un peu plus de poids en équipe de France. C'est dans ce domaine qu'il doit désormais franchir un palier selon vous ?
Non, je pense que son côté réservé et tranquille est plutôt un avantage. C'est un poste particulier, il ne faut pas s'éparpiller. Sur les deux matches, on l'a senti concentré, calme, serein, tranquille, déterminé mais pas surexcité. Ca m'a beaucoup plu. Et puis à Lyon ou en équipe de France, il est avec des joueurs de très grande qualité. Ils savent ce qu'ils ont à faire, où se placer. Sa timidité s'estompera peut-être avec le temps. Il n'a que 22 ans ! Vous vous rendez compte que dans cinq ans, je dis bien dans cinq ans - c'est long - il aura 27-28 ans : c'est-à-dire qu'il rentrera à peine dans la meilleure période pour un gardien de but, jusqu'à 33-34 ans. C'est dire ce que ça peut donner...

Propos recueillis par David Benarousse
France-Football