Il y a malgré tout un mieux sensible

Évidemment, les chiffres sont têtus. En subissant, hier soir, leur troisième défaite de la saison, les Lensois restent confinés dans le sous-sol de la Ligue 1, avec toujours ces deux malheureux points, issus de deux pauvres nuls, dans la besace.

Une misère. Un lourd fardeau aussi, compte tenu du standing du club et de son statut supposé de candidat aux premières loges.
Pour autant, ce Racing – dans une version plus cohérente, plus compacte et surtout plus crédible – a démontré qu’aux nuages sombres d’un été pourri, pouvaient succéder un jour prochain de vraies et belles éclaircies.
Car avant que Baky Koné, poisson-pilote d’un « Gym » au fort pouvoir d’accélération, ne fasse la preuve d’un savoir-faire dont on n’ignore rien des multiples facettes, Lens avait attiré l’attention par son équilibre, sa solidité stratégique et même sa capacité à pousser très loin ses actions.
D’une première mi-temps rondement menée et même carrément captivante par le simple fait que les deux équipes, mues par un plaisir mutuel de jouer, n’avaient pas ménagé leur peine, les joueurs de Jean-Pierre Papin s’étaient d’ailleurs extraits avec un goût d’inachevé à la bouche et bien sûr le sentiment que quelque chose s’était bien produit dans leur vie sociale autant que dans leur mode d’expression quotidien.
En trois occasions au moins (tête de Coulibaly refroidie par Lloris, 11e ; tir de Dindane, 25e ; coup franc de Monterrubio sur le poteau, 30e), les Lensois avaient côtoyé la réussite de très près, sans que ces séquences ne suscitent le moindre émoi dans le stade, tant leur façon d’avancer dans le match et de bloquer très tôt leurs adversaires était claire. Hélas, il y eut ce trait de lumière de Koné, favorisé par un service ciselé de Rool.
Alors, le Racing souffrit, ouvrant des brèches et se retrouvant parfois en porte-à-faux (but refusé à Ederson, 65e ; tir contré de Koné, 68e ; slalom de Bamogo, 71e).
Le match était devenu fou et dans cette histoire qui commençait à sentir le roussi, la lumière aurait pourtant pu jaillir quand Pieroni hérita d’un penalty justifié. « Mais quand ça ne veut pas rentrer, ça ne rentre pas », soupira plus tard JPP, en ressassant le souvenir forcément douloureux du tir de Dindane sur le poteau, qui suivit (82e). « La défaite n’est pas méritée du tout , ajouta, dépité, le nouvel entraîneur lensois. Mais le football est parfois cruel. On s’est incliné mais on était meilleurs.
J’ai trouvé que Lens a mieux joué. Je n’ai d’ailleurs rien à reprocher aux joueurs. » Premier observateur, Papin avait déjà le regard ailleurs et ses pensées tournaient inévitablement autour d’une renaissance lensoise. Pas utopique du tout.

Pierre DIEVAL
La voix du Nord