Tout de blanc v?tus, au milieu de milliers de ballons rouges, dans une ambiance de f?te ? l’accent sinc?re, les hommes de Gernot Rohr ont longtemps lutt? de fa?on exemplaire avant de s’incliner dans les derni?res minutes sur une inspiration du buteur vedette des Lyonnais, le Br?silien Elber. Jusque-l?, pourtant, ils avaient largement partag? une soir?e contre les t?nors du championnat.
Si le Gym n’a pas engrang? de point, il a trouv? des raisons d’esp?rer et de renouveler ses performances des deux derni?res saisons. L’?tat d’esprit est toujours l?. Mais la marge de manoeuvre est ?troite. Car tout le monde se m?fie d’eux d?sormais, et s’organise en cons?quence.
Le coach ni?ois avait pr?f?r?, pendant une heure, son ? Poussin ? de Meslin ? Vahirua, son pagayeur de Tahitien pour d?buter sa saison sur le plan offensif et ?pauler l’autre recrue, l’Autrichien Linz. Mais le sorcier de Mannheim avait modifi? son puzzle d?fensif en alignant trois sentinelles (Traor?-Cobos-Pamarot) pour contrecarrer les courses d’Elber et de Frau et sur-tout, pour densifier un milieu de terrain dont il pensait, au coup d’envoi, qu’il serait le secteur cl? de la partie.

Paul Le Guen, lui, ?tait rest? traditionnel et dans la lign?e de sa derni?re victoire contre Paris. Mais a-t-il pour le moment d’autres hypoth?ses ? faire valoir ?
Les partenaires de Jos? Cobos sont donc forc?ment prudents dans les premi?res minutes. Ils observent, laissent venir les champions ? l’aff?t d’un contre, acceptent d’abandonner la possession du ballon. Ils s’?nervent m?me contre quelques coups de sifflet bien s?v?res de M. Layec.
Dans la peau de challengers, ils cherchent leur voie, mais ne sont pas les derniers ? s’engager dans des duels de costauds. ? Il n’y a qu’une mentalit? au-dessus de tout soup?on qui nous permettrait de gommer les diff?rences ?, disait Rohr dans la semaine.

Pour sa troisi?me saison sur le banc des Aiglons, ses joueurs suivent ses consignes ? la lettre. Cobos, Pamarot, Traor?, Echouafni, Pitau ne laissent tra?ner aucune miette. Avec une mentalit? de Grecs ! Et personne ne rechigne ? s’engager dans ce sillage.

Nice prend confiance
Il faut alors toute la science tactique et le g?nie technique de quelques ? Gones ? bien inspir?s pour ne pas tomber dans le pi?ge de ce football muscl? propos?.
Au milieu de la mi-temps, c’est pourtant Linz qui h?rite de la meilleure occasion, mais sa t?te de ? renard des surfaces ? tombe dans les bras d’un Coupet vigilant. Il h?ritera en deuxi?me mi-temps de la m?me chance (65’), sans conna?tre non plus la r?ussite, son essai passant juste au-dessus.

Nice sait que le coup est jouable, l’exploit possible. Mais la vigilance est de mise car Elber, Frau et Govou r?dent. Et ce Juninho, qui h?rite de quelques coups francs dont il a le secret, est un poison. Le Ray gronde, siffle, tremble, mais reste admirable dans son soutien et sa ferveur.

Le doute trouble-t-il alors les esprits des champions quand Essien appuie une vilaine ? semelle ? sur le tibia de Roudet juste avant la mi-temps ? La s?r?nit? n’est plus ce qu’elle ?tait...

Vahirua, l’acc?l?rateur
D?s le retour des vestiaires, il faut un sauvetage kamikaze de Cobos-le-magnifique pour emp?cher Elber d’ouvrir le score. Mais Roudet rend imm?diatement la monnaie (51e) en enroulant un coup franc de son aile oppos?e qui empoisonne Coupet.

Cette fois, le doute n’est plus permis, et le Gym va jouer ses coups ? fond. Pour mettre ? mal une s?rie de trois d?faites (0-1) contre ce m?me adversaire. Linz et Meslin permutent. Roudet et Bign? enveloppent quelques centres. Echouafni, Varrault et Pitau continuent de presser et de priver Juninho d’oxyg?ne, et Govou ou Malouda d’espaces. Le Gym est fid?le ? son label : solide, vaillant, compact. Un bloc tout de rudesse et de courage, qui ne triche jamais et lutte avec ses armes sans trahison ou tricherie.
Cela n’interdit pas d’aller chatouiller Coupet de temps en temps sur quelques corners de Pitau et de Roudet, avant que Vahirua ne vienne prendre le relais de Meslin, qui n’avait pas calcul? la d?pense d’?nergie jusque-l?.
Coupet sort alors un arr?t ?tonnant sur un coup franc tirebouchonn? du Tahitien (67’) que tout le Ray a vu au fond. Aux points, Nice a largement fait son retard.
Les habitudes d’Elber.

Mais r?de toujours le fant?me d’il y a deux ans, quand Juninho avait crucifi? le Gym ? une poign?e de minutes de la fin. Et celui de l’an dernier, quand Juninho avait ouvert le score tr?s t?t et oblig? le Gym ? courir apr?s le tableau de marque.

Gernot Rohr le sait et hurle des consignes de replacement. Ce n’est pas la saison des cadeaux. Mais allez expliquer ?a ? un stade qui f?te une histoire de cent ans ! Et ? une poign?e de gar?ons qui ont le coeur au bout des crampons et l’envie folle de renverser les idoles !

Linz et Vahirua insistent ? grands coups de longues courses et de fausses pistes.
Les ? ma?tres ? vont alors frapper. Sans ?prouver aucune compassion. Froidement. Une diagonale est d?vi?e malencontreuse-ment par Cobos ? la lutte avec Govou vers Elber, ?trangement seul devant Gr?gorini. Le Br?silien frappe sans ?tat d’?me. Le but d’un tueur.
Et Coupet pr?servera cette victoire tout ? la fin en montrant, en trois ou quatre occasions, qu’il est bien digne d’?tre la doublure de Barthez, chez les Bleus...