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Germain : « Je sentais que ça collerait »

France-Football, le 14/10/2015 à 09h57

Prêté par l'AS Monaco, où il n'était qu'un remplaçant, l'attaquant de l'OGC Nice a retrouvé la confiance et contribué au bon début de saison de son club. Et si ce n'était qu'un début ?

À voir le ciel bleu et le soleil chaud, on a peine à croire que le déluge s'est abattu sur la région moins de quatre jours auparavant. Le temps est au beau fixe sur la Côte d'Azur et sur l'OGC Nice. Le samedi précédent, la rencontre Nice-Nantes avait dù être interrompue à cause des pluies diluviennes et sera rejouée le 4 novembre, alors que Valère Germain avait inscrit un doublé. « C'est tellement insignifiant quand vingt personnes ont trouvé la mort dans la catastrophe », modère le fils de Bruno, prêté cette saison par Monaco à Nice, un club où il retrouve le goût de jouer et qui a vite adopté l'attaquant à la simplicité et disponibilité exemplaires.
La preuve, ce matin-là, après l'entraînement, il rencontre l'association Gendarmes de coeur qui vient en aide aux enfants atteints d'une grave maladie, et qui l'a choisi comme ambassadeur après Fabrice Abriel et Éric Bautheac. Les sourires sont vite revenus tant l'OGCN réalise un début de saison rafraîchissant et plein de promesses.

- Une vingtaine de kilomètres séparent Monaco de Nice. Ça valait le coup de pousser un peu plus loin, non ?

C'est quinze minutes en voiture. Et, oui, ça valait le coup. J’ai trouvé une super ambiance sur et en dehors du terrain, un super groupe avec un super état d'esprit. C'est sans doute ce qui explique en partie nos résultats. Tout le monde tire dans le même sens, du président aux joueurs en passant par le staff. Tout le monde veut progresser ensemble.

- Être prêté au club rival, ce n'était pourtant pas gagné d'avance ?

Je connaissais une partie du vestiaire - Papy (NDLR: Mendy), Valentin (Eysseric, prêté cette saison à Saint-Étienne) - pour avoir joué avec eux en jeunes. Je savais qu'il faudrait un peu de temps avec les supporters. Mais je suis un joueur qui donne tout sur un terrain, et c'est ce qui leur plaît, donc, l'intégration s'est vite faite. Depuis, j'ai reçu des messages de supporters monégasques me disant qu'ils ne m'en voulaient pas d'être parti à Nice. Et des messages de Niçois qui m'ont souhaité bienvenue. Je vais peut-être oeuvrer pour le rapprochement entre les deux clubs.

- Pourquoi avoir opté pour le club voisin ?

Dans la mesure où il s'agit d'un prêt, et après en avoir discuté avec ma famille, mon entourage, c'était la meilleure solution : ne pas aller loin, ne pas tout bouleverser pour m'adapter le plus vite possible. Je savais où je mettais les pieds et que je pouvais être bon tout de suite. Mon quotidien est le même dans le sens où j'habite toujours à la même adresse, mes an1is sont toujours là, ma mère habite Antibes. Mais le staff, les coéquipiers sont différents.

- En même temps, on se dit que si vous étiez resté, vous auriez peut-être joué, car Monaco a vu partir Ocampos, Berbatov, Martial...

C'est ce que j'entends, mais je ne regrette rien. Je retrouve de la confiance, du plaisir. Même si les potes de là-bas me disent: "Reviens! Reviens!"

« Je donne tout sur un terrain, et c'est ce qui plaît aux supporters. »

- Vous n'avez eu aucune crainte de débarquer dans un club qui avait connu quelques tensions avec ses supporters, l'année dernière, et où on a ressenti un peu de friture entre Claude Puel et son président avant même la 1re journée ? (Dans une ïnfervïew à L'Équipe, l'entraîneur niçois avait égratigné Jean-Pierre Rivère, notamment à propos de son fils Grégoire Puel.)

Je ne m'en suis pas préoccupé. Et personne, dans le vestiaire, ne s'en est préoccupé. D'entrée, je savais que j'avais fait le bon choix. Dès les premiers matches amicaux, j'ai vu l'ambiance qui régnait ici, je sentais que ça collerait. C'est difficile d'expliquer pourquoi, mais on sentait qu'il y avait quelque chose à faire cette saison. Même si on n'est qu'au début, même s'il y aura forcément des moments plus difficiles. La saison dernière, ça été chaud avec les supporters par manque de résultats, peut-être parce qu’il y avait moins de qualité de jeu, moins de buts, moins de spectacle. Aujourd'hui, ils sont derrière nous.

« À Arsenal, j'étais dans la tribune alors que des joueurs qui venaient d'arriver étaient sur le banc. »

- Vous deviez donc changer d'air ?

Découvrir autre chose, déjà, ça fait bien. Il fallait que je joue, que je ressente la fatigue physique, les efforts, que j'entende le public, que je marque ... Durant la seconde partie de saison, l'an dernier, j'ai très peu joué. Quelques fins de match par-ci par-là. À Arsenal, pour le huitième de finale de Ligue des champions, j'étais dans la tribune alors que des joueurs qui venaient d'arriver étaient sur le banc. Je travaillais à l'entraînement en me disant que cela pouvait changer à tout moment, mais ça ne changeait pas. À partir de là ...

- On se dit qu'on finit par être transparent, que l'attention ne se focalise que sur les nouveaux venus ?

J'ai souvent entendu dire que, quand on a été formé par un club, on finit par faire pa1tie des meubles. Je voyais des joueurs arriver, et j'étais toujours considéré comme le petit jeune du centre alors que j'ai vingt-cinq ans aujourd'hui. Il fallait qu'on me voit autrement, qu'on change de point de vue. Pour cela, il fallait que j'aille ailleurs. La décision a été difficile à prendre, mais elle était nécessaire.

- Et, pour le premier match de la saison. vous affrontez Monaco !

Trois semaines avant, j'étais avec ceux d'en face. Ça m'a fait bizarre de jouer avec un autre maillot que celui de Monaco. On s'était un peu chambrés avec Subasic et Dirar les jours précédents.

- Coup classique, vous marquez le but niçois (victoire de l'ASM, 2-1). Vous vouliez leur montrer qu'ils avaient eu lors à voire sujet?

Sans doute qu'il y avait de ça. Mais c'est humain de vouloir démontrer que j'ai quelques qualités, même si je jouais peu. Quand je jouais, je n'avais pas le sentiment d'être mauvais, mais c'est comn1e ça. Je ne comprenais pas trop, je ne comprends toujours pas, et je n'aurai pas la réponse, mais ce n'est pas grave. Oui, il y avait une forme de revanche, et, en même temps, il fallait bien démarrer. Des coéquipiers sont venus ensuite me voir, surpris que je sois le plus motivé d'entre eux.

- Vous avez obtenu votre examen niçois avec mention et vous êtes adopté par un club où vous n'êtes pas le petit jeune du centre, mais l'un des plus vieux de l'effectif...

Je n'ai que vingt-cinq ans, mais c'est vrai que, dans cette équipe, à part Mathieu (Bodmer), Hatem (Ben Arfa), Baysse et Pied, tous les autres ont moins de vingt-quatre ans.

- Vous qui disiez regreffer l'ambiance du centre de formation monégasque, ça doit vous rappeler de bons souvenirs ?

L'ambiance est bonne à Monaco, mais il y a beaucoup d'étrangers. La communication est plus difficile. Ici, à l'entraînement, on se lance des petits défis, on partage la pizza le midi... il y a une vraie vie de groupe, une certaine insouciance. J'avais connu ça en Ligue 2 avec Monaco où on sortait beaucoup entre joueurs. Là-bas, j'étais malheureux de ne pas jouer mais, pour le reste, tout allait bien, même si cette vie me manquait un peu. Jamais la saison dernière on n'est sortis ensemble. Ça doit être spontané, naturel. C'est sans doute plus simple dans un "petit" club - je mets les guillemets - où il y a moins de stars, moins d'ego. C'est plus facile de sortir avec Vincent Koziello qu'avec Berbatov, qui a plus envie de retrouver sa famille.

« Claude Puel nous le répète tout le temps: du jeu. du jeu. on verra ensuite pour le classement. »

- Ça vous rajeunit ?

Ça rajeunit tout le monde. Mathieu (Bodmer) parle avec des joueurs qui ont dix-huit ans comme si c'était des potes de toujours. Pareil pour Hatem. Il y a de l'insouciance, ça se voit dans nos matches où l'on alterne le très bon et les erreurs. On ne se pose pas de questions, et ça avance. C'est un bol d'air qui profite à tout le monde, aux plus anciens et aux plus jeunes, qui sont demandeurs et réceptifs. Je commence à être un ancien, donc, c'est aussi à moi de transmettre. À Monaco. j'ai été servi: Falcao, Berbatov, Abidal, Toulalan, James... C'est pas mal. J'ai appris de chacun, et ce sont tous des bonnes personnes. Berbatov parle peu, il est un peu en retrait dans la vie de groupe, mais c'est quelqu'un de très simple, très pro, qui donnait des conseils aux jeunes qu'il appréciait, à ceux qu'il sentait à l'écoute. J'ai appris du calme et de la classe de Berbatov, du sens du but de Falcao, de la vivacité de Martial. Falcao, par exemple, passait beaucoup de temps dans la récupération, la préparation et prenait soin de son physique. J'observais tout ça, et je m'en sers aujourd'hui. Plus que la saison dernière parce que, qu'on le veuille ou pas, savoir qu'on ne va pas jouer le week-end, ça des conséquences. Il y a moins d'envie pour tour.

- L'envie est revenue, et Nice est la bonne surprise de ce début de saison ...

L'insouciance du vestiaire se retrouve sur le terrain. On a parfois manqué d'expérience à Troyes où on mène 3-1 avant d'être rejoints. On continuait à joue1; on ne gagnait pas de temps. Il n'y a pas de vice. Contre Bordeaux (6-1), on a continué aussi à jouer, pareil à Saint-Étienne (1-4). Jamais on ne se dit qu'on va gérer. On va apprendre au fur et à mesure, car beaucoup découvrent la Ligue 1 cette année. On a toujours envie de jouer, de marquer, même si on prend trop de buts.

- Si vous gagnez 4-3, c'est bien ?

Pour les spectateurs et les téléspectateurs, sans doute, moins pour le gardien et les défenseurs.

- Et pour Claude Puel ?

Mais c'est lui qui a voulu ce type de jeu, lui qui a voulu cet effectif pour aboutir à ce type de jeu. C'est une volonté délibérée que d'aligner des joueurs qui ont envie de jouer au ballon, de jouer au sol, de multiplier les passes. On n'a pas le jeu pour balancer devant. Notre réponse, c'est le jeu, et c'est ce qui plaît. Parce que c'est un jeu qui se distingue de ce que propose le plus souvent la Ligue 1.

- C'est amusant de voir Puel en apôtre du jeu alors qu'il a été souvent critiqué, notamment à Lyon ?


C'est en tout cas sa volonté, je ne sais pas depuis quand. Il nous le répète tout le temps: du jeu, du jeu, on verra ensuite pour le classement. Tous les nouveaux joueurs ont été recrutés en fonction de cela. Est-ce que beaucoup de coaches seraient partis avec Koziello, Mendy et Siri, trois joueurs de 1,70 m? Peu auraient eu cette audace. Lui a eu le courage de dire: "On les prend, on leur fait confiance et ça va marcher."

- Comme quoi le Championnat de France peut être plus spectaculaire, plus plaisant si les techniciens le veulent...

Si on a la volonté et si on trouve les bons profils... Il y a eu la mode des grands joueurs physiques, mais le Barça nous montre chaque week-end qu'on peut jouer au foot avec des gars plus petits. Il n'est pas question de se comparer à ces joueurs exceptionnels, mais on peut s'en inspirer. Nice apporte un peu de fraîcheur à tout le monde. À part Hatem, il n'y a pas de star. Je le vois dans les commentaires à la télé, sur Canal: la plupart des joueurs étaient inconnus des commentateurs. Mais on arrive à marquer les esprits, on nous découvre. Et avec la saison qu'on va faire ... Et nous, tous les matins à l'entraînement, on a le sourire, on est contents d'être là. Les résultats aident, évidemment. Au moindre jeu, on fait des paris, des petits défis, on chambre, on rigole, et le week-end on retrouve tout ça sur le terrain.

- Vous devenez ambitieux ?

On ne va pas s'enflammer. On veut finir dans le top 10, mais, en même temps, à part Paris, on ne voit personne se dégager. Marseille, Lyon et Monaco vont finir par se placer, mais, ensuite, tout est jouable. Par exemple, on gagne à Saint-Étienne, qui est une grosse équipe du Championnat. À part Paris, qui sera champion, derrière, c'est ouvert. On va essayer de ne pas faire de bruit, et on verra.

- Difficile de rester discret, car Nice est le tube de l'automne...

Le coach a suffisamment d'expérience pour gérer ce genre de situation. Après Saint-Étienne, par exemple, il a interdit les interviews pour éviter que cela s'enflamme. Mais il n'y a que des bons mecs dans ce vestiaire...

- On ne peut pas parler de Nice sans évoquer Hatem Ben Arfa, qui réalise un épatant début de saison...

Les grands joueurs tirent toujours les autres vers le haut. On le voit avec Hatem. Pareil pour Mathieu (Bodmer). Ils ont une grosse expérience, ils ont gardé cette fraîcheur, ils rigolent avec tout le monde. Hatem se marre avec ceux qui viennent de monter de la formation. Ça déteint sur tout le groupe. Hatem est un affectif. Si Nice fait une belle saison, si lui fait une super saison, s'il se sent bien, je suis sûr qu'il restera ici quand bien même de gros clubs s'intéresseraient à lui. Je commence juste à le connaître, je le vois heureux, avec le sourire en permanence, apprécié de tour le vestiaire. Ça lui fait du bien, et tout le monde en tire les bénéfices. On a la meilleure attaque, mais, après Saint-Étienne, on a beaucoup parlé du milieu de terrain par exemple. Et d'Hatem, bien sûr, vu sa perf. On était tous heureux pour lui.

- Ça va être dur de retourner à Monaco en lin de saison ?


Je n'exclus rien. Monaco, Nice, l'Angleterre ou l'Espagne, qui sont les deux Championnats qui m'attirent.

- Vous seriez prêt à aller un peu plus loin qu'à un quart d'heure de voiture ?

Bien sûr. Hatem m'a beaucoup parlé de l'Angleterre, de la passion. J'ai envie de découvrir autre chose, un autre football, une autre culture, une autre vie, une nouvelle langue qui me servira par la suite. J'ai envie de respirer ailleurs.

Patrick Sowden
France-Football







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Reims - Nice : 0-0

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ven. 19/04/2024 à 21h



Pts J V N D Diff
 3.    Monaco 52 28 15 7 6 +15
 4.    Lille 49 28 13 10 5 +17
 5.    Nice 44 28 12 8 8 +6
 6.    Lens 43 29 12 7 10 +6
 7.    Lyon 41 29 12 5 12 -7



  mer. 13/03 (21h10) PSG - Nice : 3 - 1
   26e  sam. 16/03 (21h) Lens - Nice : 1 - 3
   27e  dim. 31/03 (15h) Nice - Nantes : 1 - 2
   28e  dim. 07/04 (15h) Reims - Nice : 0 - 0
   30e  ven. 19/04 (21h) Nice - Lorient
   29e  mer. 24/04 (21h) Marseille - Nice
   31e  dim. 28/04 (15h) Strasbourg - Nice


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